Contrairement à ce que pourrait laisser croire
l’article intitulé Une descente aux enfers inéluctable, il semble que
la baisse du niveau des skieurs suisses et corrélativement de l’intérêt
pour ce sport n’a rien d’irrésistible.
Certes, la diminution de la
pratique du ski de compétition semble un phénomène structurel en Suisse
et ailleurs. Cependant, cette baisse ne débouche pas sur une perte
sèche mais plutôt sur une diversification des pratiques, y compris de
compétition. Le snowboard, bien sûr, est l’engin de glisse qui
visiblement se substitue le plus massivement au ski alpin. Il faut
toutefois être également attentif à la montée d’autres formes de
glisse, même en compétition : ski carving, ski cross ou telemark, dans
lesquelles de plus en plus d’anciens skieurs de compétition se
reconvertissent.
Au-delà de ces mouvements généraux, la Suisse se
distingue effectivement par une désaffection croissante vis-à-vis du
ski de compétition classique. Il faut d’abord blâmer un paysage
institutionnel qui apparaît de moins en moins en phase avec la réalité.
Basé sur le volontariat des skis-clubs, puis sur des organisations
cantonales ou régionales et interrégionales aux structures fortement
différentes, ce système, s’il respecte l’esprit fédéral, n’en peine pas
moins à mettre en œuvre une politique de formation et de relève
efficace. D’ailleurs c’est encore quasi uniquement l’effort financier
de ses parents (estimé entre dix et quinze mille francs par an) qui
permet à un jeune de pratiquer le ski en compétition.
Parallèlement,
le soutien public, en comparaison avec nos voisins d’Autriche ou de
France, n’est pas à la hauteur. Ceci, non seulement du point de vue
financier – comme le démontre la récente décision du canton du Valais
de ne pas aider financièrement Ski-Valais – mais également du fait de
l’absence quasi généralisée de structures sport-études adaptées à la
spécificité du ski alpin. Enfin, il faut noter que les entreprises de
remontées mécaniques sont de moins en moins enclines à accueillir les
entraînements et les compétitions de niveau junior, rechignant à mettre
à disposition des pistes préparées et sécurisées.
La descente aux
enfers du ski suisse n’est donc pas irrésistible. Comme le montre
l’exemple de l’Autriche, une mobilisation forte des différents acteurs,
publics certes, mais également des stations et des institutions
sportives peut renverser le mouvement. Reste à savoir si la cause peut
être jugée suffisamment importante. Faudra-t-il attendre que le
réchauffement climatique mette tout le monde d’accord ?
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