L’actualité apporte une réponse ironique à la question du dernier « Temps présent » de la TV romande : le Conseil fédéral a décidé de ne pas entrer en matière sur l’indemnité de 100 000 fr. réclamée par un descendant de réfugié refoulé durant la Seconde guerre mondiale.
Une décision inopportune
Les arguments juridiques du gouvernement sont certainement solides. Ils sont même accompagnés de l’expression de considérations humaines qui montrent que l’autorité ne veut pas refaire les erreurs psychologiques grossières des banques. Le malheur c’est qu’en agissant ainsi, le Conseil fédéral prend de vitesse les conclusions de la commission Bergier et qu’il se prive par là de l’appui moral que pourrait lui apporter le constat d’experts indépendants. Après avoir accepté de réexaminer la politique suivie par la Suisse durant la Seconde guerre mondiale d’un point de vue non seulement historique, mais éthique – ce qui pose un problème épistémologique formidable aux historiens-, la commission Bergier est maintenant mise sur la touche avant d’avoir ouvert la bouche.
En termes de politique étrangère et d’image, la décision du gouvernement, ou tout au moins la façon dont il a agi, n’aura pas de très bons effets, même avec la compréhension de la communauté israélite helvétique et des amis de la Suisse. En outre, elle fragilise encore le travail de la commission Bergier, quelles que soient les conclusions de cette dernière, quel que soient les moyens juridiques et matériels dont elle dispose. jcf
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