En 1954, contre toute attente, l’équipe allemande remporte le championnat du monde de football en battant la Hongrie trois à deux. Cette victoire est perçue comme le véritable acte de naissance de la République Fédérale d’Allemagne. Mais, plus qu’un film sur le rôle du sport dans la construction identitaire, le miracle de Berne est l’histoire mélodramatique d’un petit garçon passionné de foot dont le père revient après onze ans de captivité en Russie.
A Essen, la mère, Christa Lubanski, a ouvert un café et son mari peine à retrouver ses repères dans la vie quotidienne. Son fils aîné part rejoindre les communistes à Berlin-Est et le cadet, Mathias, a trouvé en Helmut Rahn, un père de substitution. Joueur sélectionné dans l’équipe nationale, ce dernier propose à Mathias de l’accompagner à Berne mais le père s’oppose à ce projet. La relation difficile entre le père et Mathias est au centre du film. Elle illustre les problèmes et les tensions entre une génération marquée par le nazisme et la génération née après-guerre honteuse de ce passé inadmissible. La finale de la coupe du monde à laquelle le père conduit Mathias est la métaphore de la réconciliation souhaitée de l’Allemagne avec son histoire.
A travers cette fable, le film de Sönke Wortmann aborde l’héritage impossible du nazisme et cherche à panser les plaies. Mais l’impression douceâtre qui reste au spectateur dégage un arrière-goût mièvre. La mère est courageuse et travailleuse, le père, sensible, ne sait pas montrer son amour et le fils ne demande qu’à être aimé par son père. Finalement tout le monde se comprend et se respecte dans l’harmonie des paysages montagneux des Alpes helvétiques. Sönke Wortmann n’évite pas les clichés et la morale petite bourgeoise où les efforts sont toujours récompensés.
Sur le thème des retrouvailles douloureuses, le film Le Retour du russe Andréï Zviaguintsev fait moins de compromis. L’ambivalence, la souffrance, l’incompréhension et l’injustice n’y sont pas bannies et le réalisateur se permet de ne répondre à aucune des questions qu’il soulève. Autre avantage, il est déjà projeté dans les salles romandes.
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