Sigi Feigel, président de la Fondation contre le racisme et l’antisémitisme (GRA) se réjouit des réactions contrastées que la nouvelle campagne suscite, puisque choquer, déstabiliser et provoquer le débat est le but avoué des affiches placardées un peu partout en Suisse.
Pensées pour plaire à un public jeune et faire réagir les indifférents, elles semblent surtout répondre aux campagnes coup de poing de l’UDC, qui placardait il y a peu «Kosovo Albaner NEIN» sur les murs zurichois pour refuser la mise en place d’un réseau d’entraide. Utiliser les armes de l’adversaire pour mieux défendre ses propres valeurs est une stratégie courante, encore faut-il que le message soit compris. Et c’est bien ce qui est reproché à ces affiches en Suisse romande. Elles ne défendraient pas les valeurs antiracistes, mais feraient le lit de ceux qui croient que ces clichés sont drôles ou, pire, réalistes.
Que font les Thaïlandaises la nuit venue ? Que font les Noirs à midi avec leur femme ? Comment les Juifs gagnent-ils leur argent ? Ces questions ne sont pas dérangeantes en soi, mais les réponses qu’elles insinuent le sont d’autant plus qu’elles nous prennent en flagrant délit de préjugés racistes. Le texte en petit caractère affirmant que les Thaïlandaises, les Noirs et les Juifs agissent comme tout le monde, mettrait fin à notre malaise, si les caricatures illustrant les affiches ne le contredisaient pas. Un Juif au nez crochu ou un Noir au nez épaté, au milieu des palmiers et des bananes, peuvent-ils vraiment être «comme tout le monde»?
Les affiches sont visibles
sur www.gra.ch
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