La recherche, avec la formation, est le souci proclamé des parlements et gouvernements. Qu’en est-il, en revanche, des dépenses privées, véritable face cachée de l’iceberg puisqu’elles couvrent environ 70% de l’investissement dans la recherche et le développement (R-D) total de la Suisse? Une enquête minutieuse de l’Office fédéral de la statistique (OFS), en collaboration avec economiesuisse, permet quelques éclairages.
Il y a environ 400 000 entreprises cataloguées au Registre des entreprises et établissements. En éliminant les branches réputées peu friandes d’activités R-D (l’hôtellerie par exemple), en éliminant les micro-entreprises (moins de six personnes), le cadre de sondage s’établit à 30 000 sujets. Un échantillonnage aléatoire sur 6 299 entreprises aboutit finalement à 602 réponses complètes.
Les dépenses «intra-muros» – dans les laboratoires des entreprises – atteignent 7,7 milliards de francs en 2000, celles «extra-muros» – mandats accordés par les entreprises privées à l’extérieur – atteignent 1,8 milliard de francs, en augmentation réelle de 12% par rapport à 1996. Cette même année, les entreprises suisses ont consacré neuf milliards de francs à la R-D par le biais de leurs filiales à l’étranger. Ce montant est donc supérieur au montant affecté en Suisse, tendance des années quatre-vingt-dix, en hausse de 12% depuis 1996.
Les dépenses extra-muros des entreprises augmentent beaucoup plus rapidement que les dépenses intra-muros (de 76% par rapport à 1996). Cependant, la part du lion de ces dépenses, 1,1 milliard, est affecté à des organismes et entreprises à l’étranger, part qui a doublé en quatre ans alors que la part suisse est restée constante. Les contributions aux Hautes Ecoles ont ainsi diminué. Elles s’élevaient encore à 150 millions en 1996, et se chiffrent à 125 millions en 2000. Que penser de cette tendance au moment où les Hautes Ecoles sont poussées à chercher leur financement ailleurs que dans les caisses publiques? L’enquête est muette sur les causes de cette diminution. On peut avancer néanmoins quelques hypothèses. Elle peut être due à des raisons extra-scientifiques, comme la défiscalisation de la R-D en Suisse. Elle peut être due à la concurrence croissante d’organismes de recherche privés (research organisations), dans le domaine des tests cliniques notamment. Elle peut être due à une avance prise par les Hautes Ecoles dans des domaines tels que les technologies de l’information et de la nanotechnologie, devenues temporairement moins «intéressantes» pour une industrie chimique et des machines relativement conservatrice. Mais on ne peut écarter l’hypothèse que les investissements publics importants de nombreux pays, dans les sciences de la vie surtout, ont produit des concurrents redoutables. ge
La recherche et le développement dans l’économie privée en Suisse, OFS / economiesuisse, 2000.
www.statistik.admin.ch/stat_ch/ber15/r-d/economie_suisse_f.pdf
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