Se basant sur les calculs de l’agence Computer Economics, l’excellent site largeur.com, édition du 16 mai, a annoncé que le coût des dégâts causés par le virus I loveYou pourrait atteindre 10 milliards de dollars. Selon la même agence, le virus Melissa, Ð l’avant-dernière panique planétaire Ð avait coûté seulement 80 millions de dollars à l’économie mondiale. La différence : alors que les deux virus submergent les serveurs mail des entreprises par le même procédé, Melissa ne détruisait pas de données. D’où la différence d’un zéro dans la facture.
L’excellente agence Science-Presse (www.sciencepresse.qc.ca) a pris la peine d’interroger ces chiffres qui furent repris dans toute la presse, ainsi que les dégâts qui se sont étrangement stabilisés, après quelques jours, à exactement 6,7 milliards de dollars. Le résultat d’un consensus ? d’une analyse détaillée et complète ? Que non. Ce chiffre, qui a fait plusieurs fois le tour du monde, a pour origine une seule source, dit l’agence Science-Presse : un vague bureau d’avocats californien qui se présente comme expert-conseil en informatique. Autant les vendeurs de logiciels anti-virus que les médias ont cité ad nauseam cette firme, Computer Economics, lui fournissant ainsi une publicité bienvenue. C’est elle qui a estimé le nombre d’utilisateurs ayant contracté le virus à 45 millions, et c’est à partir de ce chiffre qu’ont été évalués les dégâts. L’estimation des coûts, à partir de là, semble être, pour le dire poliment, totalement empirique. Par exemple, Computer Economics estime à 125 dollars les dégâts occasionnés aux usagers qui ont reçu le virus mais ne l’ont pas ouvert.
Une autre estimation porte à plus de 80 % le nombre de ces internautes prudents qui ont détruit le message infecté sans l’ouvrir. Six milliards et demi de dollars de dégâts, moins 80 %, cela prend déjà une tout autre proportion. Sauf si les coûts étaient ceux de la panique bien orchestrée, ayant probablement occasionné une ruée d’achat de logiciels de protection anti-virus Ð négligeant le fait que ceux-ci ne peuvent pas prévenir une nouvelle épidémie, mais n’agissent que sur des virus déjà identifiés. ge
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