40% des naissances au Chili se font par césarienne. Ce chiffre, dans ce pays urbanisé à plus de 90%, où toutes les naissances ont lieu à l’hôpital, est fiable ; il constitue aussi le record du monde. Douze autres pays latino-américains ont des taux de césariennes supérieurs à 15%, la limite arbitraire proposée par l’Organisation mondiale de la santé en 1985. Sur ce continent, l’intervention chirurgicale ne se justifierait pas pour plus de
850 000 accouchements par an.
Le taux de césariennes est corrélé positivement avec trois paramètres : le produit national brut, l’urbanisation, la densité médicale. L’incidence des césariennes au Chili est de 60% dans les hôpitaux privés, de moitié dans les hôpitaux publics.
Ce taux élevé, excessif peut-être au Chili, en augmentation aussi en Europe, exprime-t-il une victoire des femmes dans leur aspiration à un accouchement sans douleur ? Ou bien reflète-t-il une nécessité médicale, au vu par exemple de la taille croissante des nouveaux-nés ? A moins que ce ne soit le souci de confort des médecins ?
Plus crûment, est-ce l’idéal de beauté et de jeunesse qui pousse les femmes à vouloir des césariennes, pour ne point endommager les régions génitales ? Ou plus prosaïquement, est-ce la formation des médecins qui, majoritairement technique et hospitalière, finit par médicaliser totalement l’acte « naturel » d’accoucher ? ge
Source : British Medical Journal, 27 novembre 1999, 1397-1402.
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