
L’Europe dispose d’une offre d’électricité plus qu’abondante, alors que cet hiver la Suisse pourrait connaître une pénurie. La faute à l’imprévoyance des électriciens helvétiques.
Dans un récent communiqué, Swissgrid, la société responsable du réseau de transport, estime que l’approvisionnement électrique pourrait être difficile cet hiver.
Elle évoque la mise hors service provisoire des deux unités de la centrale nucléaire de Beznau, le débit plus faible des cours d’eau et le niveau anormalement bas des lacs de retenue à la suite de la sécheresse prolongée de l’été et de l’automne. En conséquence, elle prie les producteurs de limiter leurs exportations.
L’Association des entreprises électriques suisses confirme aussitôt. Et de demander une simplification des procédures pour le développement du réseau, un soutien financier accru aux installations hydroélectriques et la prolongation de la durée de vie des centrales nucléaires aussi longtemps que la sécurité est assurée.
Reste donc à importer de cette Europe qui nage dans l’électricité, pense naïvement le consommateur.
Pas possible rétorquent les électriciens. Car l’importation passe par des lignes à très haute tension (380 kV) et, pour parvenir jusqu’à la prise, la tension doit être abaissée dans un premier temps à 220 kV. Or nous manquons de transformateurs pour ce faire.
Tiens donc, ces producteurs qui depuis des décennies nous disent garantir un approvisionnement sûr et nous ont vendu à cet effet l’énergie nucléaire et les lignes à haute tension n’ont pas pensé à quelques transformateurs? Peut-être parce qu’ils étaient plus préoccupés par la construction d’un réseau nécessaire aux exportations qui, jusqu’à il y a peu, ont permis de juteux profits.
La négligence des producteurs, plus intéressés à l’exportation de courant aux heures de pointe et à des investissements risqués à l’étranger (DP1982), devrait convaincre de l’avenir d’une production très décentralisée basée sur le solaire et l’éolien, plus sûre parce que libérée des aléas des grandes installations – pannes, révisions, pluviométrie.
Une évolution qui affaiblirait certes le pouvoir des électriciens – ce n’est pas pour rien qu’ils n’ont jamais soutenu une telle décentralisation –, mais qui consacrerait l’autonomie des collectivités locales et des consommateurs.
Daté ici pour une raison technique du 17.12.2015, cet article a été mis en ligne le 16 décembre.
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