En nommant un diplomate, aussi brillant soit-il, pour mener sa politique européenne, le Conseil fédéral ne fait que jeter de la poudre aux yeux. Il feint de croire que l’on peut, par une approche sectorielle mieux coordonnée, amadouer les pays de l’Union et tirer, encore une fois, notre épingle du jeu.
Y a-t-il quelqu’un dans ce pays qui croit encore que l’on pourra éviter de choisir entre un dramatique isolement et des liens encore plus étroits avec Bruxelles?
Eviter l’isolement, c’est d’abord accepter la libre circulation des personnes, quel que soit le chemin à prendre pour corriger le vote du 9 février 2014. C’est ensuite reconnaître combien étroite est notre intégration économique avec les pays de l’Union. Cela implique que nous acceptions les ajustements successifs du cadre juridique de ce marché unique. Nous le faisons déjà, souvent informellement. A l’avenir, nous devrons le faire encore plus systématiquement. Avec, si nous faisions le pas de l’adhésion, le droit de nous prononcer, voire d’user du droit de veto dont dispose chacun des pays membres.
Il n’y a donc plus rien à négocier tant les options sont claires. Croire que le salut viendra de Bruxelles c’est se mentir à soi-même.
Le Conseil fédéral doit maintenant s’engager, ouvrir un large débat sur le prix à payer en cas de rupture avec l’Union européenne. Il doit s’engager dans le débat sur la libre circulation. Et comme il l’avait fait avant la votation sur l’EEE, présenter un inventaire des conséquences de l’adoption de l’ensemble du droit communautaire (DP 2049). Il doit enfin lancer la réflexion sur les structures juridiques des liens qui sont toujours plus étroits avec Bruxelles: accords bilatéraux, Espace économique européen, adhésion.
On le comprend: l’avenir de notre pays est entre les mains du peuple. Comment pourra-t-il trancher si ceux qui dirigent le pays se taisent, n’expliquent rien, se cachent derrière de faux-semblants?
Le temps des diplomates est passé. Le Conseil fédéral et le Parlement doivent faire leur choix, s’expliquer et surtout convaincre.
Et si l’envie vous prend de passer de l’autre côté de l’écran, DP est ouvert aux nouvelles collaborations: prenez contact!