Le sommet des chefs d’Etat européens réunis d’urgence après les dramatiques noyades de migrants en Méditerranée a fait le service minimum. L’opération Triton de surveillance des frontières maritimes européennes va tripler son budget pour permettre d’intensifier les opérations de sauvetage en Méditerranée.
C’est un simple retour aux moyens que l’Italie avait mis sur pied dans son opération Mare Nostrum en 2013. L’Europe avait pris la relève un an plus tard, mais au rabais.
L’Europe va en outre tenter de détruire les bateaux pourris des passeurs. Elle aidera aussi les pays d’Afrique du Nord à contrôler leurs frontières pour éviter que les migrants puissent accéder à la Méditerrannée. Bref, ils ne doivent pas quitter l’Afrique.
Mais pour respecter le droit à l’asile, il faut permettre aux personnes menacées de chercher refuge par des chemins sûrs. Le sommet européen ne dit rien à ce sujet, sur une réforme de la Convention de Dublin totalement inadaptée aux défis actuels (DP 2064). Federica Mogherini, commissaire responsable de la diplomatie, affirmait pourtant que pour être crédible, l’Union européenne avait l’obligation morale de respecter les droits de l’homme.
Après le drame du chalutier en provenance de Libye, la présidente de la Confédération s’est jointe aux appels à une réforme fondamentale de la Convention de Dublin signée par la Suisse.
Outre le renforcement des dispositifs de sauvetage et de lutte contre les passeurs, Simonetta Sommaruga appuie l’ouverture de centres d’accueil en Afrique du Nord pour permettre aux requérants d’asile de déposer leur demande d’asile et de gagner l’Europe en sécurité. Comme Matteo Renzi, président du Conseil des ministres d’Italie, elle propose une répartition des réfugiés dans tous les pays européens.
La large majorité des membres de l’Union rejette cette solidarité communautaire. La Suisse plus européenne que l’Europe! Les chiffres nous en donnent une claire explication.
La Suisse compte huit millions d’habitants, soit environ 1,6% de la population de l’Union européenne. En 2014, l’Europe a enregistré 600’000 demandes d’asile et la Suisse 24’000. Une répartition des requérants proportionnelle à la population de chaque pays signifierait que la Suisse, avec 1,6% des requérants, en accueillerait moins de 10’000.
La Suisse dont la prospérité attire les migrants, profite de l’actuelle Convention de Dublin qui lui permet de renvoyer les requérants déboutés dans le premier pays d’accueil. Un «Dublin plus» lui serait encore plus favorable. Qu’en pensent les europhobes?
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