Les partis de la droite traditionnelle ont perdu les élections fédérales. Dans les cantons de Vaud et de Genève, la défaite prend un caractère historique. Les partis radical et libéral ont vécu une véritable Berezina.
L’affaiblissement de cette droite traditionnelle coïncide avec l’avènement de l’UDC sur le plan national en tant que parti nationaliste et conservateur. Les dernières publicités ont montré le vrai visage de ce parti. Les thèses ouvertement racistes de l’UDC sont profondément contraires à la nature même d’un Etat démocratique fondé sur le droit. La mue de l’ancien parti agrarien est définitivement achevée ; les représentants de l’aile historique de l’UDC – le conseiller fédéral Samuel Schmid en tête – ne correspondent plus à la ligne des mal nommés «démocrates du centre».
Une première analyse pourrait conduire à se féliciter de l’effondrement des «ennemis» historiques radicaux et démocrates-chrétiens. D’ailleurs, le score électoral de dimanche l’a démontré : le PS ne souffre pas de la montée en puissance d’un parti nationaliste. En misant sur une poursuite de l’érosion de l’électorat des deux anciens poids lourds de la vie politique suisse (PDC et PRD) et en musclant son discours, la gauche pourrait gagner un jour la majorité absolue, du moins dans certains cantons. La tentation est donc grande de vouloir tirer sur l’ambulance.
Pourtant, cette stratégie procéderait d’une grave erreur. Les choses sont désormais claires : l’UDC a franchi depuis longtemps la ligne blanche qui la rend irrémédiablement infréquentable. Il faut s’interdire toute alliance – fût-elle de nature objective – avec ce parti qui n’a plus sa place au Conseil fédéral. Et surtout, lutter avec les autres forces démocratiques de ce pays pour combattre point par point les idées développées par les représentants de ce qui est désormais la première force politique suisse. A défaut, ces thèses inacceptables continueront leur progression dans l’opinion publique et façonneront le débat politique. En outre, la droite se verrait ainsi dans l’obligation de sortir du bois et de cesser son double langage à l’encontre de l’UDC.
Pour bâtir une Suisse moderne, progressiste et ouverte au monde, la gauche a besoin de partenaires dans la droite traditionnelle, capables de négocier et de trouver des solutions pour le futur. La disparition pure et simple de la démocratie chrétienne, qui représente une composante de toutes les droites au niveau européen, serait lourde de sens pour l’avenir du pays. Les partis de la gauche – et principalement le parti socialiste – sont en face d’un choix délicat : faire un pas en direction des défaits de dimanche pour éviter la propagation d’idées dangereuses pour la démocratie ou laisser la marmite sur le feu. Avec de sérieux risques d’incendie.
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