Souvent l’approbation d’un objet soumis au vote populaire ne reflète pas une adhésion sans réserve. Mais les avantages l’emportent sur les inconvénients. L’adoption d’un projet permet un pas en avant, même si les principes auxquels on tient n’y sont que partiellement concrétisés.
A gauche, on peine parfois à appuyer de telles solutions imparfaites, préférant à un résultat concret la manifestation des principes. Deux illustrations récentes.
Les milieux qui se sont opposés à l’accord de Schengen-Dublin par rejet de la «forteresse Europe» se sont clairement trompés de combat. En effet, la Suisse ne se conforme pas à tous les standards définis par l’accord de Dublin. Elle ne reconnaît le statut de réfugié qu’aux personnes menacées par une autorité étatique, alors que l’Union européenne admet également le motif de la persécution non-étatique. De même l’Union, contrairement à la Suisse, ouvre la procédure même lorsque le requérant ne dispose pas de papiers d’identité. Quand l’accord entrera en vigueur, notre pays devra très probablement faire face aux pressions européennes pour le respect de ces standards minimaux.
Puis, une partie de l’extrême gauche ne soutiendra pas l’extension de la libre circulation des personnes. Au nom de la protection des travailleurs, elle a fait le choix de contribuer à l’échec de cet accord pour obtenir ultérieurement une amélioration des mesures
d’accompagnement.
Dans les deux cas, les opposants de gauche privilégient une position pure et dure. Ils ignorent un rapport de force qui, au cas où le souverain leur donne raison, ne peut que signifier la négation de leurs idéaux. La satisfaction éphémère du principe de plaisir les conduit à faire l’impasse sur le principe de réalité. jd
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