L’application du principe de la libre circulation des travailleurs aux nouveaux pays membres de l’Union européenne, ainsi que la libéralisation du commerce des services en Europe et dans le cadre de l’OMC, suscitent des réflexes protectionnistes. Comme si aujourd’hui un pays pouvait seul défendre efficacement ses intérêts économiques ou telle ou telle catégorie professionnelle.
Dans l’une de ses récentes chroniques – L’Express du 28 mars dernier – Jacques Attali rappelle un événement historique d’une brûlante actualité. En 1864, les syndicats britanniques, récemment fondés, firent le choix du libre-échange contre le protectionnisme. Ils estimèrent que la meilleure manière de résister à la concurrence des pays à bas salaires consistait à aider les salariés de ces pays à améliorer leurs conditions de travail et non à ériger des barrières douanières. Ils créèrent à cet effet l’Association internationale des travailleurs, chargée de soutenir les luttes des ouvriers du continent pour de meilleurs salaires. Débuta alors une période d’exceptionnelle croissance qui dura jusqu’à la Première Guerre mondiale.
Cette année, la fête du 1er mai met en valeur la double revendication de justice sociale et de solidarité sans frontières. Deux exigences indissociables qui excluent bien sûr la sous-enchère sociale tolérée par la droite libérale. Mais qui ne tolèrent pas non plus le protectionnisme frileux qui tente parfois la gauche et les syndicats. Cette solidarité sans frontières pourrait trouver concrétisation dans des alliances entre syndicats des pays européens, de manière à coordonner les actions, grèves y compris, susceptibles d’améliorer les conditions de travail des salariés des pays socialement les moins avancés. Comme les syndicats britanniques au milieu du xixe siècle, les organisations des salariés les mieux lotis doivent prendre conscience qu’elles ont tout intérêt à ce que progresse le sort des moins bien lotis. jd
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