
Sur la base des chiffres de l’Administration fédérale des douanes, les quotidiens 24 Heures et Tribune de Genève (22.10) constatent pour ces deux derniers mois une progression des exportations vers la Russie de 402% pour les fromages et de 1’279% pour le lait et la crème. Un exploit.
Prudent face au conflit ukrainien, le Conseil fédéral s’est borné à renforcer son embargo sur les armes à destination de la Russie et de l’Ukraine et à empêcher le contournement des sanctions décidées par l’UE. La Suisse n’a effectivement pas détourné les sanctions européennes. Mais elle a échappé aux contre-sanctions de la Russie. Conséquence: non seulement ses ventes de produits laitiers ont explosé, mais l’ensemble de ses exportations vers la Russie ont progressé de 15,7% en septembre alors que celles vers l’UE ont stagné.
Méfions-nous du maniement acrobatique des pourcentages. Le mois passé, les exportations suisses se sont chiffrées à 9’433 millions de francs vers l’UE et à 285 millions vers la Russie. La Grande Russie ne représente pour nous que 3% du Grand marché européen. L’Eldorado des exportations helvétiques n’est donc pas à l’est de l’Europe.
Il en va de même pour les produits laitiers. Si l’engouement actuel ne fléchit pas, les ventes en Russie n’atteindraient guère plus de 10% de celles dans l’UE. On comprend donc l’enthousiasme, plus que modéré, des représentants de l’agriculture face au succès du tilsit ou du gruyère à Moscou.
L’agriculture suisse est aussi victime de l’embargo russe écrivait dans 24 Heures (25.09) Luc Thomas, directeur de Prométerre. D’un jour à l’autre l’embargo russe a interrompu les exportations européennes de fromage, gonflé les stocks et dégradé les prix.
La surproduction et la baisse des prix en Europe sévissaient depuis plusieurs mois. Le conflit en Ukraine a accéléré cette tendance qui se répercute inéluctablement en Suisse. L’hebdomadaire Agri (3.10) constate que, si pour nos agriculteurs le prix du lait à forte valeur ajoutée destiné à la fabrication de fromage a pu rester stable, le prix des autres catégories de lait a baissé de 11 centimes depuis le début de l’année et celui des excédents mis en poudre de 27,9 centimes.
Vache qui rit dans le haut de gamme, mais vache qui pleure dans le reste du marché laitier helvétique.
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