D’entrée de jeu, Micheline Calmy-Rey a voulu rendre la Suisse plus visible sur la scène internationale. On se souvient de son exigence de rencontrer le chef de la diplomatie américaine à Davos pour lui dire son fait à propos de la guerre contre l’Irak, ou encore de son franchissement de la ligne de démarcation entre les deux Corée. On l’a vue sur le terrain de la catastrophe humanitaire provoquée par le conflit du Darfour soudanais et dans le sud-est asiatique après le raz-de-marée.
Parfois le calendrier se révèle peu heureux, comme lorsque Micheline Calmy-Rey parcourt Isra‘l et la Palestine dans l’ombre de sa collègue américaine. Et l’on peut s’irriter de la compassion très médiatisée dont fait preuve la magistrate. Toujours est-il que la population helvétique apprécie le dynamisme et le langage direct de la cheffe du Département des affaires étrangères. Cet impact n’est pas négligeable dans un pays où des décennies durant la neutralité a servi de justification à la plus grande retenue, pour ne pas dire la passivité, en matière de politique extérieure. Et l’image positive dont bénéficie Micheline Calmy-Rey ne sera pas de trop pour faire passer le cap référendaire à l’extension de la libre circulation et à l’accord Schengen/Dublin.
Plusieurs commentateurs ont ironisé sur les effets de manche – beaucoup d’images, peu de contenu – de l’action de la conseillère fédérale. C’est oublier le travail plus discret de son département dans les domaines de la gestion civile des conflits et de la promotion des droits humains. Dans son rapport sur la politique extérieure en 2000, le Conseil fédéral affirme réserver une place importante à ces domaines, pour lesquels le Parlement vient de voter un premier crédit cadre.
Mais pour l’heure l’engagement helvétique donne encore l’impression d’un éparpillement qui peine à traduire une stratégie claire (www.eda.admin.ch/eda/f/home/foreign/humsee.html).
Certes un petit pays n’a pas à rêver de jouer dans la cour des grands. Toutefois, d’autres pays tout aussi modestes que la Suisse se montrent plus actifs sur le terrain de la promotion de la paix et des droits humains (cf. ci-contre). Un engagement accru de notre part rendrait plus crédible encore les efforts de visibilité entrepris par la responsable de la diplomatie helvétique. jd
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