
Les statistiques démographiques font l’objet d’une attention très sélective. Ainsi du très scruté vieillissement de la population, avec son impact sur le financement des assurances sociales. Ainsi de l’évolution de la population et du solde migratoire qui cristallise l’attention et alimente l’actualité politique. Pour preuve le récent communiqué de l’Office fédéral de la statistique entièrement consacré aux flux migratoires.
D’autres données, pourtant intéressantes, restent peu commentées: celles concernant la population de moins de 19 ans, par exemple.
En 1970, au point le plus haut, elle représentait près d’un tiers (31,8%) de la population, alors qu’elle n’en constitue plus qu’un cinquième (20,3%) en 2013. La population dite active, entre 19 et 64 ans, est passée de 59,8% en 1950 à 62,1% en 2013. Cette évolution en 63 ans reste modeste. Au fil des ans, l’augmentation de la part des seniors a presque exactement compensé la diminution de celle des juniors. Vu au télescope, on peut quasiment considérer que le pourcentage de la population active est demeuré stable dans notre pays.
Dans le même temps, en chiffres absolus, la population a considérablement augmenté, passant de 4,7 millions en 1950 à 8,1 millions en 2013 – sans parler de l’accroissement de la richesse nationale. Mais la proportion des actifs assurant le financement des prestations servies aux deux extrémités de la vie, éducation et retraite, est restée quasiment stable. La part du revenu national consacrée respectivement aux jeunes et aux retraités a-t-elle changé au fil du temps? Il est sans doute très difficile de donner une réponse. Intuitivement, nous avons l’impression que les dépenses en faveur des personnes âgées et de la formation sont considérablement plus importantes qu’il y a une cinquantaine d’années. Mais en proportion du revenu national, est-ce vraiment le cas? Voilà qui mériterait d’être regardé de près.
D’autres chiffres mettent également à mal des idées reçues. Il est banal d’affirmer que la différence d’espérance de vie entre les hommes et les femmes est largement provoquée par le stress professionnel subi par les premiers; il est tout aussi évident de présumer que l’accession massive des femmes au monde du salariat pourrait réduire cet écart. Le même tableau statistique nous apprend qu’en 1950, l’écart entre les deux sexes était de 4,5 ans avec une espérance de vie bien sûr beaucoup plus réduite qu’aujourd’hui, respectivement de 66,4 ans pour les hommes et de 70,9 ans pour les femmes.
Après avoir connu en 1990 un pic de 6,8 ans, l’écart s’est progressivement réduit pour ne plus atteindre que 4,3 ans en 2013, avec une espérance de vie passée à 80,5 ans pour les hommes et à 84,8 ans pour les femmes. Il a fallu attendre 2010 pour retrouver l’écart de 1950 alors que les femmes étaient beaucoup moins présentes dans la vie professionnelle. On doit se méfier des explications trop simples.
Et si l’envie vous prend de passer de l’autre côté de l’écran, DP est ouvert aux nouvelles collaborations: prenez contact!