L’introduction d’une taxe sur le CO2 voit apparemment s’affronter deux camps bien tranchés. Opposants, les milieux économiques et les partis bourgeois ; partisans, la gauche et les Verts, les organisations écologistes et d’entraide, les consommateurs. Un conflit des plus classiques, direz-vous, entre défenseurs pragmatiques de l’économie et idéalistes soucieux du long terme.
En réalité la ligne de partage est moins nette. Dans l’industrie et le commerce, des voix divergentes se font entendre en faveur de la taxe. Parmi elles, la chimie et les pharmaceutiques, Coop, Migros et plus d’une centaine d’entreprises qui ont pris au sérieux la loi sur le CO2.
En effet, une seule raison suffit à justifier l’introduction de cette taxe : la loi sur le CO2.
Adoptée en 2000 par le Parlement, cette loi vise à réduire de 10% d’ici à 2010 les émissions de CO2 par rapport à leur niveau de 1990, en application du protocole de Kyoto. L’économie et les partis bourgeois ont imposé une solution souple : d’abord des mesures librement consenties par les responsables des émissions et, si ces mesures s’avèrent insuffisantes, une taxe que le Conseil fédéral a l’obligation d’introduire. Les entreprises et les secteurs d’activité qui, en accord avec la Confédération, se seront engagés à limiter leurs émissions, n’auront pas à payer la taxe.
Fortes de cette assurance, des branches économiques et des entreprises ont consenti des investissements importants pour réduire leur consommation énergétique. D’autres ont négligé cet effort. Et c’est ces dernières que veulent maintenant récompenser les partis bourgeois et les grandes organisations de l’économie en s’opposant à l’introduction de la taxe.
Si le Conseil fédéral renonce à cette taxe, il se rendra complice d’une double tromperie. En changeant en cours de route les règles du jeu, il pénalisera les acteurs économiques qui ont appuyé jusqu’à présent sa politique. De plus, il discréditera son discours sur les bienfaits de la concurrence – le refus de la taxe équivaut à une distorsion de la concurrence. Quant aux partis bourgeois et aux organisations économiques, ils oublient qu’en 2000 ils ont fait échouer les taxes énergétiques au prétexte de la future taxe sur le CO2. jd
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