Le Parti socialiste suisse reste la formation
politique la plus européenne. Il l’a confirmé lors de son récent
congrès à Naters : la voie bilatérale n’a plus d’avenir ; le Conseil
fédéral doit ouvrir rapidement des négociations d’adhésion.
Emporté
par son élan, le PSS veut faire de la prochaine votation sur l’accord
de Schengen-Dublin un test de l’ouverture européenne de notre pays.
Peter Bodenmann n’a pas hésité à proclamer que «nous ne votons pas sur
Schengen mais sur l’Europe». Cet enthousiasme fait le jeu des
isolationnistes et de l’UDC, pour qui cet accord n’est qu’un marchepied
vers l’adhésion. Le faux pas du Conseil fédéral, déposant la demande
d’adhésion de la Suisse juste avant la votation sur l’Espace économique
européen, devrait pourtant servir de leçon. Pour gagner la votation
référendaire l’an prochain, l’évocation de l’idéal européen ne suffira
pas ; il faudra convaincre le peuple des avantages concrets de l’espace
Schengen/Dublin.
Les risques du référendum
L’enthousiasme
européen de la gauche se conjugue mal avec les menaces syndicales de
référendum contre l’extension de la libre circulation des personnes aux
nouveaux membres de l’Union. Le PSS n’a pas clairement pris ses
distances à l’égard d’un éventuel référendum qui, si l’accord était
rejeté, mettrait en péril l’ensemble des accords bilatéraux et
aggraverait l’isolement de la Suisse. Un résultat négatif qui
n’attristerait pas la droite nationaliste.
Enfin, si les socialistes
revendiquent l’ouverture rapide de négociations en vue d’une adhésion à
l’Union européenne, ils exigent du Conseil fédéral qu’il préserve le
pays des méfaits du libéralisme, en particulier dans le dossier des
services publics. Le PSS est certes légitimé à défendre son programme.
Mais il ne peut oublier que nous sommes demandeurs d’une Europe qui
n’est pas prête à négocier le marché unique et ses règles. C’est une
fois l’adhésion acquise que la gauche helvétique, avec la gauche
européenne, dans le cadre des institutions européennes, devra batailler
pour qu’aboutissent ses revendications. Mais elle ne peut faire de
l’acceptation de ses desiderata un préalable à son appui à une
adhésion, sous peine de desservir la cause même de l’adhésion. Le PSS
rappelle, probablement à juste de titre, qu’il n’y aura pas d’adhésion
possible sans l’appui de la gauche. Sans l’appui de la droite non plus.
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