Plus les élections fédérales approchent et plus le battage médiatique se fait intense sur la question de la composition politique du prochain Conseil fédéral. L’incontestable poussée de l’Union démocratique du centre (UDC) au niveau fédéral et dans les cantons conférerait à ce parti le droit d’occuper deux sièges gouvernementaux en décembre prochain. Ce ne serait là que simple logique démocratique. Et les spéculations vont déjà bon train sur le magistrat démocrate-chrétien qui fera les frais de la nouvelle formule. Il faut y voir une tentative d’animer une campagne électorale aux enjeux restreints – démocratie directe et système proportionnel avec découpage cantonal obligent. Une tentative qui méconnaît gravement le fonctionnement du régime politique helvétique.
En effet, ce raisonnement arithmétique n’est en rien conforme aux exigences de la démocratie. Le peuple s’exprime par le biais des élections parlementaires et des instruments de démocratie directe. La composition du gouvernement relève de la compétence des groupes politiques de l’Assemblée fédérale et des états-majors des partis. Elle obéit à des règles non écrites garantissant la représentation des langues et des régions. Mais surtout elle résulte de la reconnaissance mutuelle des partis gouvernementaux de leur capacité à gouverner ensemble et à élaborer des projets susceptibles de rassembler une majorité populaire en cas de référendum. Telle est l’arithmétique, combien plus subtile que la simple règle de trois, qui préside à la composition du Conseil fédéral.
Un partenaire non fiable
L’UDC, dans sa nouvelle formule, ne répond visiblement pas à ce dernier critère. Le dénigrement systématique des autres partis gouvernementaux et du Conseil fédéral, comme son incapacité à rechercher des solutions de compromis, en font un partenaire non fiable. Par ailleurs, ces dernières années, il n’a guère fait la preuve de sa capacité référendaire. C’est bien pourquoi le Parlement, jouant sur les divisions internes de l’UDC, a choisi Samuel Schmid, un candidat non agréé par son parti.
L’intégration de magistrats UDC fidèles à la ligne de leur parti assagirait-elle les députés nationalistes ? On peut en douter, car c’est précisément leur véhémence qui fait leur succès électoral. Voyez le canton de Zurich qui voit le groupe UDC refuser le budget et exiger des baisses d’impôts insensées, quand bien même deux conseillers d’Etat démocrates du centre siègent au gouvernement, dont le responsable des finances.
Et puisque les adeptes de la règle de trois font référence au respect de la volonté populaire, considérons donc cette volonté. Si l’UDC a fait de remarquables percées électorales dans les parlements cantonaux, elle a toutes les peines du monde à faire son entrée dans les exécutifs. Le corps électoral sait fort bien distinguer les fonctions tribuniciennes et contestataires d’un député de celles d’un magistrat.
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