Le rejet net et compact des sept initiatives populaires soumises au peuple le 18 mai dernier a suscité des commentaires désabusés. Le cumul des non a frappé les esprits et parfois désespéré d’une volonté de changement au sein de la population. Or ces résultats ne divergent en rien de la pratique politique dominicale.
Au cours de la législature qui prend fin cet automne, le taux moyen de soutien aux initiatives s’est élevé à 33%, tout comme dimanche dernier. Qu’elles soient lancées par la gauche ou la droite, les initiatives n’ont qu’une très faible chance de succès. L’initiative sur l’asile de l’UDC (49,9%) et celle de la gauche sur l’abaissement de l’âge de la retraite (46%) ont obtenu les meilleurs résultats des quatre dernières années. Alors que les initiatives pour l’interdiction de l’avortement, pour l’abaissement des coûts hospitaliers et sur les quotas n’ont réuni que 18% des suffrages.
Une première analyse de l’institut GfS montre que les résultats du 18 mai dernier n’ont révélé aucune fracture linguistique d’envergure. Les Alémaniques, par un meilleur soutien aux dimanches sans voitures, confirment une sensibilité écologique plus développée, alors que les Romands, comme à l’accoutumée, attestent d’une plus grande fibre sociale et réservent un meilleur accueil à l’initiative sur les handicapés. Le Tessin, pourtant solidement ancré à droite, confirme sa tendance à mieux accueillir les initiatives que le reste du pays. Et très naturellement, le résultat de l’initiative sur les loyers révèle un clivage entre les centres urbains et la campagne.
La gauche et les Verts, qui avaient recommandé un septuple oui, enregistrent une lourde défaite. Les socialistes en particulier ont peine à digérer le sec rejet de leur initiative sur la santé, d’autant plus qu’ils ont été mal suivis par leur électorat (60%), à peine mieux que les dimanches sans voitures (57%).
Faut-il pour autant conclure que la Suisse est condamnée à l’immobilisme ? La plupart des initiatives rejetées ont suscité des réponses parlementaires plus ou moins satisfaisantes. En matière d’apprentissage, la nouvelle loi sur la formation professionnelle offre un cadre mieux adapté ; la loi sur les handicapés reconnaît le droit à une égalité de traitement qui se concrétisera à un rythme plus lent que celui voulu par l’initiative. Et la loi sur l’assurance maladie, en révision, prévoit une augmentation des subventions et des limites de charge pour les familles.
Tout cela ne constitue certes que des petits pas, à la mesure d’un pays fondamentalement conservateur, mais des petits pas difficilement imaginables sans l’impulsion donnée par des initiatives populaires.
www.polittrends.ch/abstimmungssonntag/erstanalyse
Et si l’envie vous prend de passer de l’autre côté de l’écran, DP est ouvert aux nouvelles collaborations: prenez contact!