La semaine dernière, lors de la dernière session extraordinaire du Parlement, le Conseil national a pris deux décisions-surprise. Une courte majorité a opté pour une croissance annuelle de 6% des crédits en faveur de la formation, de la recherche et de la technologie (FRT). Le Conseil fédéral proposait 4% – frein aux dépenses et programme d’économies obligent – et la commission 5%. Et une courte majorité encore a introduit un moratoire de cinq ans sur l’importation et l’utilisation de semences génétiquement modifiées.
Certes, aucune des deux décisions n’est définitive, le Conseil des Etats devant encore se prononcer. Par ailleurs, le crédit-cadre FRT va encore passer au moulin du programme d’économies 2003 cet automne. Qu’importe, ces deux victoires, même provisoires, sont importantes. Elles montrent que le culot et la pugnacité peuvent payer et que la constitution de majorités fluctuantes reste possible malgré la permanence de l’antagonisme entre la gauche et la droite.
En effet, dans les deux cas, c’est le regroupement inhabituel de forces généralement hostiles qui a permis ces victoires à l’arraché. La gauche, les Verts et les libéraux unanimes, appuyés par une poignée de radicaux et de démocrates-chrétiens soutiennent les crédits FRT ; la gauche, les Verts et la plupart des députés paysans des partis bourgeois défendent le moratoire.
Deux femmes socialistes ont été les chevilles ouvrières de la construction de ces coalitions gagnantes. Dans un contexte dominé par l’obsession des coupures budgétaires, la Bâloise Anita Fetz a osé revenir avec une proposition à 6%, alors que le compromis de la commission à 5% semblait gagnant. Elle a bataillé ferme, tenant tête à un Christoph Blocher désarçonné par tant de pugnacité. La Bernoise Simonetta Sommaruga, défenseur attitrée de consommateurs, n’a pas craint de revenir à la charge, malgré le rejet de ce même moratoire par le parlement l’automne dernier. Forte du succès de l’initiative populaire pour un moratoire qui a déjà récolté plus de 90 000 signatures en 3 mois, elle a trouvé l’appui des agriculteurs de l’UDC, ceux-là mêmes qui voulaient raboter les crédits FRT.
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