C’est une première helvétique. Les 320 membres de la société des médecins de Winterthur pourront suivre des cours pour mieux apprécier les effets de leur pratique. Ils y apprendront à lire de manière critique la littérature scientifique et débattront, sur la base de leurs expériences, des avantages et des inconvénients des traitements usuels. Car trop fréquemment les techniques de diagnostic utilisées, les médicaments prescrits et les interventions décidées n’améliorent que peu la qualité de vie des patients, quand ils ne la péjorent pas. Les nombreuses études disponibles permettent d’affirmer que plus d’un tiers des thérapies appliquées est inutile.
Luzi Dubs, promoteur de cette initiative, insiste sur la faiblesse des connaissances actuelles concernant l’efficacité des actes médicaux. Il cite l’exemple de la transplantation du cartilage du genou, une opération encouragée par l’industrie médicale et largement pratiquée, quand bien même aucune étude n’a pu jusqu’à présent prouver son utilité. Ou encore les examens par résonance magnétique, effectués même si le diagnostic est préalablement clair.
L’initiative des médecins de Winterthur se réfère à la médecine basée sur l’évidence (EMB), une méthode qui permet d’apprécier les informations médicales selon des critères précis, notamment l’utilité directe pour le patient, le risque ainsi que le rapport entre les coûts et les bénéfices.
Cette approche, fondée sur la pratique et centrée sur l’utilité, vient à point nommé enrichir un débat politique obnubilé par le coût de la santé. Car la seule concurrence entre les prestataires de soins ne constitue pas encore une garantie de qualité des prestations.
Tages Anzeiger, 16 mars 2003
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