A suivre l’actualité politique, on constate qu’une majorité d’élus n’est plus guère préoccupée par les problèmes environnementaux et se soucie peu de la nature et du paysage. Le dossier présenté par Pro Natura Magazine (2/2003) documente cet état d’esprit inquiétant.
Pour contrer les deux initiatives «Sortir du nucléaire» et «Moratoire +», le Parlement a procédé à une révision de la Loi sur l’énergie nucléaire. Mais cette révision relève plus de la promotion que de la réglementation de cette forme d’énergie. La durée d’exploitation des centrales en activité n’est plus limitée et les cantons se voient privés de tous droits en matière d’entreposage des déchets.
L’offensive des milieux routiers s’est concrétisée par le dépôt de l’initiative populaire Avanti. Au programme, le doublement du tunnel du Gothard et une troisième voie pour les tronçons les plus fréquentés du réseau autoroutier. Or, c’est une première dans l’histoire de l’initiative, les députés ont transformé le contre-projet équilibré du Conseil fédéral en un texte plus radical encore que l’initiative. Eux, si pointilleux lorsqu’il s’agit de limiter les dépenses publiques, n’ont pas hésité à contourner l’obstacle du frein à l’endettement en créant un fonds spécial.
Des parlementaires paysans, partisans de cette offensive mais peu sensibles aux contradictions, s’inquiètent de la protection excessive de l’environnement qui soustrait des terres cultivables à l’agriculture. Dans leur viseur, la «renaturation» des cours d’eau. Un radical lucernois, soutenu par 77 collègues, propose par voie de motion de supprimer l’Office fédéral de l’environnement, des forêts et du paysage. On peut encore mentionner la guérilla menée par le Conseil des Etats contre la Convention des Alpes, un accord cadre international pour la protection des régions alpines et l’application très lacunaire – par manque de moyens et de volonté politique – des législations environnementales. A titre d’exemple, la protection des marais, adoptée par le peuple en 1987, ne s’applique concrètement aujourd’hui qu’à un petit nombre des 169 zones humides concernées. Quant à l’assainissement des cours d’eau dont le débit résiduel est légalement insuffisant, il est bloqué dans presque tous les cantons.
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