L’UDC fait dans le boniment du marchand à la sauvette, brillant mais menteur. Elle promet une réduction de 20 % des primes grâce à son initiative populaire. Pascal Couchepin, nouveau responsable de la santé, reste plus prudent : «Je me donne quatre à cinq ans pour freiner la hausse des coûts de la santé». C’est pourquoi il se réjouit des récentes décisions de la Commission de la sécurité sociale et de la santé du Conseil des Etats (CSSS).
La CSSS remet l’ouvrage sur le métier après le rejet par le Conseil national de la révision de la Loi sur l’assurance maladie : l’UDC et une partie des radicaux avaient délibérément chargé le bateau pour mieux le faire couler. Elle reprend l’idée de supprimer l’obligation faite aux assurances de rembourser toutes les prestations des fournisseurs de soins reconnus. Nouveauté : les assureurs devront contracter avec un minimum d’entre eux, nombre fixé par les cantons en fonction de leurs besoins. Cette solution combine un élément de concurrence – les assurances choisissent les prestataires – avec une planification quasi soviétique. Les médecins en place bénéficieraient d’un délai transitoire de quatre à six ans avant de subir la loi des assurances, mais pas les nouveaux praticiens. On voit mal comment une pareille chimère pourrait survivre puisque l’inadéquation entre l’offre et le besoin est programmée.
De plus, la CSSS tente de désamorcer l’initiative socialiste, en votation en mai prochain, en introduisant un plafonnement des primes en fonction du revenu.
Tenter de résoudre le problème des coûts de la santé en limitant le nombre des prestataires autorisés ou en mettant ces derniers en concurrence, c’est faire l’impasse sur le cœur du problème, à savoir la qualité et la nécessité des diagnostics et thérapies disponibles. De nombreuses études montrent de manière convaincante que trop d’actes médicaux et de médicaments ne produisent pas les effets prétendus. Un seul exemple. La thérapie hormonale contre les effets de la ménopause, prescrite pour abaisser le taux de cholestérol et augmenter la densité osseuse, provoquerait en réalité plus d’infarctus et accroîtrait le risque de cancers du sein et d’embolies. L’interventionnisme médical et les pseudo-nouveautés pharmaceutiques coûtent cher. Tout un champ d’investigation est à développer pour mieux encadrer les pratiques de soins.
Par ailleurs la LAMal, en favorisant la médecine de groupe et les réseaux de soins (DP 1534 et 1535) et en autorisant des primes plus basses, contribuerait significativement à la maîtrise des coûts.
Documentation détaillée sur les médicaments et les thérapies sur le site de la fondation Cochrane: www.cochrane.org
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