Sans hésiter, avant même que des candidatures soient annoncées, les socialistes ont posé leur exigence : seule une femme est apte à succéder à Ruth Dreifuss. La revendication paraît légitime tant que la présence féminine au gouvernement n’est pas suffisamment inscrite dans la pratique. Mais en même temps cette revendication pèche par maladresse : le Parlement n’apprécie guère d’être mis sous pression ; il l’a prouvé à plus d’une reprise. C’est donc la qualité de la candidate qui doit convaincre au premier chef. A terme il faudra d’ailleurs bien admettre une sous-représentation temporaire des femmes, pour autant qu’une sur-représentation apparaisse comme naturelle si les conditions sont réunies. Car à vouloir instaurer un automatisme de succession lié au sexe – une femme remplace une femme – on risque de restreindre encore un éventail de choix déjà bien appauvri par les conditions partisanes, linguistiques et régionales.
Compétences et forte personnalité
A cette première exigence, le candidat Jean Studer en a ajouté une autre : la succession de Ruth Dreifuss appartient de droit à la Suisse romande. C’est vrai que la Suisse italophone n’est pas représentée en permanence au Conseil fédéral. Mais le temps n’est-il pas venu d’intégrer un Tessin qui se sent mal aimé de la Suisse et qui trop souvent vote selon les consignes de l’UDC ? Voilà un critère de poids.
Cette revendication romande cache mal le sentiment de n’être pas pleinement représenté par le fribourgeois Joseph Deiss. Elle vise aussi à écarter de la course la conseillère d’Etat Ruth Lüthy, fribourgeoise elle aussi, mais d’origine alémanique. Cet «ethnisme» cantonal est détestable. La Suisse moderne connaît une forte mobilité géographique et l’exigence de racines locales anciennes confine au ridicule. Ruth Lüthy, par son expérience gouvernementale et sa forte personnalité – voilà un autre critère de poids -, surpasse clairement ses rivaux. Est-ce la raison pour laquelle ses adversaires sont condamnés à ne lui trouver qu’un défaut d’origine ? jd
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