
C’est vrai, le Conseil fédéral s’est trompé. En 2000, dans ses explications sur le premier paquet des accords bilatéraux, il ne prévoyait pas une forte immigration en provenance des pays de l’Union européenne.
Tout au plus une dizaine de milliers par an, estimait-il, en se basant sur les mouvements migratoires au sein de l’Europe. Or dès l’ouverture complète des frontières en 2007, entre 60 et 70’000 personnes sont venues chaque année chercher du travail en Suisse.
Faut-il pour autant mettre sur le compte des immigrés tous les problèmes auxquels nous sommes confrontés, comme le fait l’UDC? Les trains bondés, le réseau routier saturé, le prix du sol et des loyers en hausse constante, les terres agricoles grignotées et le paysage défiguré, la pression sur les salaires, tous ces phénomènes qui perturbent notre vie quotidienne résultent-ils vraiment de cet apport démographique extérieur?
Ou n’ont-ils pas été aggravés par notre incapacité à adopter des solutions adéquates dans chacun de ces domaines? Une incapacité à laquelle l’UDC a fortement contribué par sa politique d’obstruction systématique. Reprenons.
Quand il s’agit de développer les transports publics, l’UDC se retrouve régulièrement du côté des partisans du libre choix des moyens de déplacement. Donc pas de priorité aux transports collectifs, mais un soutien sans faille à l’extension du réseau routier. Avec la double conséquence d’une saturation des premiers et du second, puisque toute amélioration de ce dernier ne contribue pas à fluidifier le trafic, mais au contraire à l’augmenter.
Avez-vous souvenir de propositions de l’UDC en faveur des locataires et pour maîtriser la spéculation foncière? Non, l’UDC s’oppose vigoureusement à toutes les mesures de ce genre, fidèle à sa ligne résolument libérale. Même les paysans, que ce parti cherche maintenant à cajoler avec son initiative sur la souveraineté alimentaire (DP 2015), ne trouvent pas grâce à ses yeux. L’UDC s’est opposée à la révision de la loi fédérale sur l’aménagement du territoire, précisément destinée à préserver les terres agricoles en luttant contre la dispersion de l’habitat. Dès lors, le souci qu’elle manifeste pour la dégradation du paysage n’est pas crédible, d’autant moins qu’elle a combattu l’initiative Weber.
Pour lutter contre la pression sur les salaires, le Parlement a adopté des mesures dites d’accompagnement, malgré l’opposition de l’UDC.
On peut allonger la liste. Les baisses d’impôts et les régimes spéciaux pour les entreprises étrangères, l’imposition forfaitaire des riches contribuables immigrés, toutes ces mesures en faveur de l’attractivité de la place helvétique sont au cœur du programme économique de l’UDC.
Il suffit. L’UDC déplore des évolutions négatives qu’elle ne cesse de favoriser. En stigmatisant l’immigration, elle tente de distraire l’opinion des méfaits d’une politique du laisser-faire dont elle est dans les faits le porte-parole. Vouer les immigrés à l’opprobre des petites gens pour mieux servir les intérêts des nantis, voilà l’éternelle recette du bouc émissaire à l’œuvre. Une escroquerie qu’il faut sans relâche dénoncer.
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