Le rapport final de la commission Bergier sera rendu public le 22 mars prochain, le temps d’effectuer les traductions et d’éditer l’ouvrage. Pour l’essentiel, on en connaît le contenu puisque la plupart des rapports partiels ont déjà été publiés. La synthèse attendue doit pondérer les informations obtenues, introduire les nuances nécessaires et situer l’ensemble des monographies dans un contexte plus global.
Comme il fallait s’y attendre, une fuite a permis à la Berner Zeitung (16 janvier 2002) de s’approprier la primeur de son contenu. Le scoop se révèle n’être qu’un plat réchauffé. Les extraits cités par le quotidien bernois ne nous apprennent rien que nous ne savions déjà. Qu’importe ! Le journal, sous prétexte du devoir d’informer, livre un résumé, qui très probablement n’en est pas un, sélectionnant et donc survalorisant quelques-uns des thèmes les plus controversés. Le procédé permet des titres chocs et propulse la publication sous les feux de l’actualité.
Faux secrets
C’est bien le paradoxe de ce journalisme pressé et peu soucieux d’éthique professionnelle. Il prétend dévoiler ce qui est caché alors qu’il ne fait qu’anticiper une information qui sera de toute façon communiquée. Il fabrique de faux secrets pour se parer des vertus de la transparence. Et finalement le lecteur, privé des sources qui lui permettraient de se forger sa propre opinion, se retrouve prisonnier d’une opération de pur marketing. Il est vrai que le journalisme d’investigation, celui qui met en lumière des faits importants que les pouvoirs ont intérêt à garder cachés, exige beaucoup plus de pugnacité et de compétence professionnelle et ne débouche pas à chaque coup sur des résultats dignes d’une manchette. jd
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