
La Suisse est-elle devenue moins attractive pour les entreprises étrangères en quête d’implantation? Les chiffres semblent le confirmer. Pourtant il n’y a pas de quoi s’inquiéter, bien au contraire.
En 2012, le nombre des nouvelles implantations a baissé de 20% par rapport à l’année précédente. La baisse est même de 40% pour la création d’emplois, selon la Conférence des directeurs cantonaux de l’économie publique.
La Neue Zürcher Zeitung (21.9) mentionne une série de causes explicatives de ce phénomène. L’insécurité du droit tout d’abord, avec les initiatives Minder, 1:12, pour un salaire minimum, sur l’imposition des successions, sur l’immigration; l’incertitude qui règne à propos de la fiscalité des entreprises, de la correction à apporter à l’exemption fiscale des apports en capitaux; enfin la remise en question de l’imposition forfaitaire. Le franc fort est également mentionné.
Du côté des autorités en charge de la promotion économique, on met en évidence une nouvelle stratégie qui privilégie la qualité et la durabilité des nouvelles implantations plutôt que leur nombre.
Pour Emmanuel Garessus, fidèle relais de la pensée libérale (Le Temps, 25.9), ce recul traduit une «adaptation de l’économie» qui réagit à un «climat hostile au profit et à la concurrence et anticipe les changements possibles».
Dans le même temps, l’Office fédéral de la statistique annonce un nouveau record, celui des actifs – 4,82 millions de personnes au 30 juin dernier –, soit une augmentation de 1,3% par rapport à 2012, alors que dans le même temps l’emploi a baissé de 0,4% au sein de l’Union européenne.
La Suisse ne semble donc pas guettée par un effondrement du marché de l’emploi. Par contre, la nécessaire remise en question des conditions cadres, notamment fiscales, que nous impose à juste titre l’Union européenne risque bien de nous faire perdre ces entreprises volatiles toujours à la recherche du moins-disant d’impôts, faiblement créatrices d’emplois et grandes importatrices de main-d’œuvre étrangère.
La meilleure manière de combattre les pulsions xénophobes qu’engendre une politique de promotion économique tous azimuts, n’est-ce pas de miser sur des entreprises à implantation durable qui font le choix de la Suisse pour la compétence de sa main-d’oeuvre, la qualité de ses infrastructures et sa stabilité politique et sociale? Des atouts qu’une politique de croissance inconsidérée finirait par mettre à mal.
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