S’il faut trouver un fossé entre la Suisse alémanique et la Suisse romande, c’est dans l’avancement de la réforme administrative qu’il faut aller le chercher. Une vingtaine de cantons, la Confédération et plusieurs villes ont développé des expériences pilote. De ce côté de la Sarine, seul le Valais s’est lancé dans la « nouvelle gestion publique ».
Par le terme générique de « nouvelle gestion publique » (NGP), on entend un modèle de gestion centré sur des objectifs et le contrôle de leur réalisation. Ce modèle implique que les autorités définissent clairement ces objectifs et laissent à l’administration une autonomie suffisante, notamment en matière budgétaire, qui se concrétise par un contrat de prestations.
En Suisse romande, le thème de la réforme a rapidement pris une forte coloration idéologique, la gauche soupçonnant la NGP d’être le cheval de Troie du néolibéralisme, et les magistrats bourgeois craignant de perdre du pouvoir. Et le débat reste confiné au statut du personnel et à la défense du service public, sans que soient abordées les conditions nécessaires à l’efficacité de ce dernier. Plus pragmatiques, les collectivités publiques alémaniques ont élaboré pas à pas des solutions taillées sur mesure, en étroite collaboration avec les organisations du personnel.
Il est possible maintenant de tenter une première appréciation de ce mouvement de réforme. Jusqu’à présent, l’effort a porté presque exclusivement sur la définition des prestations et l’analyse de leurs coûts. S’il est utile qu’une collectivité connaisse précisément ce que produit son administration et à quels coûts, encore faut-il que ce produit contribue aux objectifs qu’elle s’est fixés. Pour ce faire, le parlement et le gouvernement sont appelés à mieux expliciter leurs intentions et à faire évaluer les effets de l’action publique. Car cette dernière ne trouve pas sa justification ultime dans une quantité donnée de prestations, mais dans les effets attendus par leur fourniture.
De la NGP, on attend à juste titre qu’elle contribue à une efficience et à une efficacité accrues de l’administration. Mais l’administration n’est pas seule en cause. C’est d’abord au parlement et au gouvernement à fixer les lignes directrices de la politique, pour que les services ne fonctionnent pas en roue libre. Ce nouveau positionnement des autorités semble encore faire problème. Pourtant la transparence de la gestion administrative exige celle de l’action politique. jd
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