Avec la fin de TV3, c’est la dernière chaîne de télévision privée supra-régionale qui disparaît. Malgré la priorité accordée au divertissement Ð dont les célèbres « Big Brother » et « Expedition Robinson » Ð, l’émetteur zurichois, propriété du groupe Tamedia (Tages Anzeiger, Sonntagszeitung, Facts notamment) n’a pas trouvé une audience suffisante pour attirer les annonceurs. Pour une fois, la médiocrité n’a pas payé.
Comme l’a dit Moritz Leuenberger,
« le marché a parlé ». Les promoteurs privés, eux, c’est de bonne guerre, mettent en cause les exigences légales trop contraignantes, en particulier en matière de volume et d’interruption publicitaires. Mais c’est oublier que le public helvétique, avec la SSR et les dizaines de chaînes étrangères visibles dans notre pays grâce au câble et aux satellites, dispose d’une offre pléthorique. Par ailleurs la manne publicitaire, qui varie fortement en fonction de la conjoncture économique, n’est pas extensible à l’infini. Ce n’est donc pas un hasard si tous les projets de TV privée Ð European Business Channel, Züri1, RTL/Pro7 et sa fenêtre programmatique pour la Suisse, Tele24 Ð ont échoué depuis une dizaine d’années.
Restent donc dans la course à l’audience la SSR et ses nombreuses chaînes régionales ainsi que les TV locales. La première remplit une fonction de service public définie par la loi Ð prestations de caractère généraliste, information équilibrée et expression de la pluralité des opinions. Les secondes également, dans la mesure où elles traduisent et renforcent un lien de proximité indispensable.
Plutôt que de stimuler une concurrence accrue, génératrice d’une diversité et d’une qualité très improbables, il s’agit de renforcer la SSR en assurant sa dotation financière. A cet égard, l’essentiel de la redevance lui revient de droit, tout comme relève de l’évidence une répartition des ressources favorables aux régions linguistiques minoritaires. Quant aux TV locales, si leur crédibilité exige qu’elles restent indépendantes des pouvoirs publics, les collectivités desservies se doivent de les soutenir financièrement.
Tous les grands groupes de presse sont tentés par une diversification multimédia. Jusqu’à présent ils y ont laissé quelques plumes. Ainsi Tamedia a investi 92 millions dans le projet TV3, sans parler des coûts de fermeture de la station Ð 30 millions Ð et le récent rachat de Tele24 pour procéder à sa liquidation. Cet argent provient en bonne partie des bénéfices de la presse écrite. Dès lors, pourquoi ne pas affecter prioritairement ces derniers à l’amélioration de la qualité des journaux et à la constitution de réserves qui permettraient d’affronter plus sereinement les périodes de creux publicitaire ? JD
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