En politique, la bonne fortune des slogans est fonction de leur référence à des lieux communs. Mais ils se dégonflent rapidement au dur contact de la réalité. L’UDC et les radicaux zurichois en font l’expérience.
Le projet de budget du canton de Zurich est dans l’impasse. La Commission des finances du Grand Conseil propose son renvoi au Conseil d’Etat pour réduction drastique des dépenses. Ce dernier a déjà annoncé qu’il refuse de présenter une nouvelle copie. La situation est d’autant plus cocasse que l’UDC et les radicaux détiennent la majorité au Parlement comme au gouvernement.
On se souvient du raz-de-marée des démocrates du centre lors des dernières élections cantonales. Une victoire conquise avec une revendication de baisse massive des impôts Ð 20 % de moins environ. Les cousins radicaux, impressionnés, entonnent le même refrain, quoi qu’avec moins d’entrain.
Avec le projet de budget, il faut maintenant concrétiser. La colère des réductionnistes est d’autant plus forte que le Conseil d’Etat annonce une progression des dépenses de 7 %, une augmentation due pour l’essentiel à des obligations légales et à des circonstances exceptionnelles. Si la réduction des impôts est une revendication populaire, celle des dépenses se révèle plus délicate à manier. D’où le silence pesant des deux partis bourgeois sur les postes budgétaires à élaguer. C’est bien ce que leur reproche le Conseil d’Etat, ministre UDC des finances en tête. Dites-nous donc où et comment économiser !
Dégraisser l’administration ? Après dix ans d’économies et de réformes, le sujet risquerait l’inanition. Tailler dans les secteurs les plus coûteux Ð formation, santé, social, sécurité Ð ? L’attractivité zurichoise en souffrirait.
Dans un raccourci dont il a le secret, Christophe Blocher, président des démocrates du centre du canton, a donné sa solution : « Si en tant qu’entrepreneur, je fixe un plafond de dépenses à mes directeurs et que l’un d’eux me rétorque qu’il ne peut s’y tenir, je le vire ». Un journaliste du Tages Anzeiger a inventorié les mesures imaginables sur la base de cette philosophie : par exemple céder aux cantons voisins les districts à faible capacité fiscale ou licencier le personnel le plus improductif, à savoir 40 % des contribuables qui ne paient que 7 % des impôts. Point n’est besoin de souligner le ridicule de ces propositions qui illustrent l’erreur de la méthode : l’Etat n’est pas une entreprise.
En se montrant incapables de concrétiser leur revendication d’économies, les deux partis bourgeois se soustraient à leur responsabilité.
C’est précisément cette démission que dénonce le Conseil d’Etat en refusant d’obtempérer à une demande en forme de slogan. jd
Pour ne manquer aucun article
Recevez la newsletter gratuite de Domaine Public.
Et si l’envie vous prend de passer de l’autre côté de l’écran, DP est ouvert aux nouvelles collaborations: prenez contact!