Le monde académique nous avait habitués à des réactions plus feutrées et à moins de susceptibilité dès lors qu’il s’agit de gros sous à engranger. La Faculté de droit de l’Université de Genève se distingue donc en annonçant publiquement qu’elle refuse la somme de 72 000 francs allouée par la Confédération, une prime récompensant cette faculté pour avoir nommé trois femmes au poste de professeures durant l’année académique 1999-2000. Le programme fédéral « Egalité des chances » prévoit une somme de 5,4 millions de francs à cet effet pour la période de 2000 à 2003.
La mesure, qui se veut incitative, porte atteinte à l’image et à la dignité de chaque femme nommée, affirme le doyen de la Faculté de droit. Il est vrai que ce marchandage n’est pas du meilleur goût. Mais surtout on peut douter de l’efficacité de la mesure. Les deux autres volets du programme fédéral Ð contributions aux projets de « mentoring » et aux structures d’encadrement pour les enfants des universitaires Ð nous paraissent autrement plus convaincants (lire DP no 1472).
En effet, la promotion des femmes au sein du corps professoral passe prioritairement par un renforcement de leur présence dans le cursus de formation. Quand il y aura suffisamment de femmes prêtes à entreprendre un doctorat et à se consacrer à la recherche scientifique durant quelques années, la proportion des candidatures féminines à la carrière professorale augmentera et la chance des femmes d’être retenues aussi. C’est donc sur la préparation de ces candidatures que doivent se concentrer les efforts. A cet égard le « mentoring » tout comme les crèches paraissent être des moyens adéquats. Pourquoi ne pas les renforcer encore en leur consacrant les ressources destinées à récompenser les facultés bonnes élèves ? jd
Pour consulter le projet du Conseil fédéral, www.admin.ch
Et si l’envie vous prend de passer de l’autre côté de l’écran, DP est ouvert aux nouvelles collaborations: prenez contact!