La nouvelle direction socialiste, Christiane Brunner en tête, avait clairement annoncé la couleur. Plus question pour le parti de cautionner toutes les aventures référendaires décidées par d’autres et de soutenir les initiatives lancées à foison par des groupes aussi sympathiques que peu soucieux d’efficacité. Car à la longue, la succession d’échecs ne peut que démoraliser les troupes et fragiliser la position d’une formation politique qui revendique une responsabilité gouvernementale. Le PSS a fait le choix de se profiler sur les thèmes qu’il estime prioritaires et qui lui confèrent une identité propre. Car à jouer trop systématiquement et indistinctement le relais et le soutien de mouvements sociaux préoccupés de leur seule cause, il dilue son message et s’affaiblit.
La décision sans appel de l’assemblée des délégués, réunie samedi dernier à Neuchâtel, s’inscrit dans la droite ligne de cette nouvelle stratégie. Le PSS soutient la révision de la Loi militaire et l’envoi de soldats armés à l’étranger. Cohérent, il assume son choix d’une Suisse pleinement engagée dans la communauté internationale. L’adhésion à l’ONU, le souci de la sécurité en Europe impliquent aussi de participer aux opérations de maintien de la paix.
Cette décision revêt une importance particulière dans le contexte politique intérieur actuel. Les élections successives, fédérales comme cantonales, révèlent un incontestable glissement à droite. Ou plutôt une recomposition politique qui voit se reporter les voix conservatrices et nationalistes sur l’UDC. C’est dire que la situation de la gauche helvétique devient difficile, dans la mesure où les partis bourgeois, radical et démocrate-chrétien sont tentés par une dérive qu’ils croient électoralement payante. Or, pour faire passer une partie au moins de ses projets, le PSS a impérativement besoin de trouver des alliés au Parlement. Il y parviendra pour autant qu’il reste un partenaire crédible.
En manœuvrant habilement et parce que le Conseil fédéral avait besoin de leur soutien, les députés socialistes sont parvenus à infléchir de manière substantielle la révision de la Loi militaire. En particulier, ils sont à l’origine des cautèles qui cadrent strictement les opérations auxquelles la Suisse s’associera le cas échéant. Si le PSS avait choisi ensuite de combattre cette révision, c’est son crédit qu’il aurait perdu.
L’arme référendaire est d’un maniement délicat. Trop souvent brandie au nom d’une surenchère irréfléchie, elle s’émousse. Et dans ce cas particulier, elle risque de donner le coup de pouce décisif aux isolationnistes invétérés. L’action politique ne relève pas du principe de plaisir ni de la recherche éperdue de la pureté idéologique. Elle consiste plus simplement à obtenir le maximum, compte tenu des rapports de force. JD
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