L’Union démocratique du centre, en tant que force politique marquante, ne fut qu’un épisode dans l’histoire contemporaine du pays. C’est la thèse défendue par Roger Köppel dans le dernier numéro de l’hebdomadaire Das Magazin (14 octobre 2000). A l’appui de sa prévision, l’auteur mentionne quatre indices.
En appuyant l’initiative des 18 %, l’UDC s’est marginalisée. Par ailleurs, le retrait progressif de l’avant-scène de Christoph Blocher, sa figure de proue, permet l’émergence de leaders tel que le Zurichois Ulrich Schlüer, un réactionnaire qui ne rêve que de restaurer la Suisse des années cinquante, un projet qui n’intéresse plus personne. Les gains de l’UDC, notamment lors des dernières élections fédérales, sont à mettre au compte de l’attraction d’éléments conservateurs et xénophobes, un handicap insurmontable pour un parti qui ambitionne de prendre la place des radicaux dans la défense des milieux économiques. Enfin, le climat politique et économique est en passe de changer, au détriment de l’UDC.
Pour l’auteur, le succès de l’UDC au cours de la dernière décennie ne relève pas d’un accident de parcours. Bien au contraire, ce parti, mieux qu’aucun autre, a su prendre la température du malaise helvétique.
Rappel. Dans les années quatre-vingt, les radicaux sont déstabilisés par l’affaire Kopp. La fin de la guerre froide inquiète plus qu’elle ne soulage et la récession économique ébranle la confiance des Suisses en eux-mêmes.
Cette conjoncture, l’UDC de Blocher sait en tirer profit en jouant habilement des deux ressorts basiques du sens commun bourgeois : les vertus patriotiques et les exigences du libéralisme économique. L’exploit est d’autant plus remarquable que l’UDC rassemble les protectionnistes, les bénéficiaires de subventions de toutes sortes et les perdants de la modernisation.
Or la conjoncture a changé. La reprise économique, la normalisation de nos relations avec l’Union européenne grâce aux accords bilatéraux ont ramené le calme dans le pays. Si les partis bourgeois savent occuper le terrain, l’UDC retournera à sa place, un parti de défense des intérêts de la petite bourgeoisie. jd
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