En 1986, quand il dépose son initiative « Pour une Suisse sans armée et une politique globale de paix », le Groupe pour une Suisse sans armée (GSsA) manifeste la capacité de mobilisation du mouvement pacifiste. La campagne précédant la votation populaire se caractérise par son originalité et sa force d’attraction auprès de la jeunesse. Au soir du 26 novembre 1989, le résultat éclate comme un coup de tonnerre dans le ciel du consensus helvétique. Jamais l’institution militaire, élément constitutif du jeune Etat fédéral, n’avait subi un tel choc. La défaite objective Ð 64,4 % des voix contre l’initiative Ð se mue en une victoire du GSsA dans la mesure où le soutien à l’initiative dépasse les prévisions les plus optimistes.
Depuis, les réformes de l’armée se succèdent à un rythme accéléré, réduisant à la fois le budget militaire et les effectifs. Le GSsA, fidèle à sa ligne, a lancé une nouvelle initiative en faveur du désarmement unilatéral de la Suisse. Et voilà que, sans attendre le dépôt de cette initiative, le mouvement se lance à l’assaut de la Révision de la loi d’organisation militaire, plus précisément des dispositions permettant d’armer les volontaires helvétiques engagés à l’étranger dans des opérations de maintien de la paix. Ainsi le GSsA se retrouve-t-il en compagnie de l’UDC et de l’Association pour une Suisse indépendante et neutre (ASIN), deux piliers de la neutralité armée jusqu’aux dents. Etrange compagnonnage ! Le GSsA, aveuglé par sa propre cause, n’est plus capable de prendre en compte le contexte politique. Sa volonté d’affaiblir l’armée va jusqu’à espérer une victoire référendaire dont il sait pourtant pertinemment qu’elle serait celle des isolationnistes nationalistes et militaristes. jd
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