Non seulement, on ignore souvent la manière dont sont menés les sondages, mais de surcroît une majorité de journalistes reconnaissent ne pas s’intéresser au problème.
Le sondage d’opinion devient de plus en plus matière première à gros titres dans les médias. Une manière de créer de l’information de toutes pièces pour surpasser la concurrence.
Le 23 mai dernier, le Tages Anzeiger annonçait que la plupart des partisans des accords bilatéraux désiraient l’adhésion à l’Union européenne. Pour le journaliste, un clair démenti à l’interprétation de la votation par l’UDC. Seulement voilà, le sondage date du mois de février. Le même jour, un autre sondage commandé par la Radio romande et L’Hebdo, et réalisé immédiatement après la votation du 21 mai, ne donnait plus qu’un bon tiers de partisans de l’adhésion.
Il ne faut dès lors pas s’étonner que les sondages ne soient plus guère pris au sérieux. Même si elles se sont donné des standards de qualité précis, les entreprises de sondages ne travaillent pas toujours avec le sérieux nécessaire : on se souvient des résultats parfaitement contradictoires de deux enquêtes publiées en février par la presse dominicale alémanique à propos de l’effet des sanctions européennes contre l’Autriche sur le corps électoral helvétique.
Ignorance
Mais la responsabilité première de ce scepticisme incombe aux journalistes. Selon une récente étude scientifique, la plupart des journaux ne disposent pas de directives au sujet du traitement des sondages d’opinion. Une analyse portant sur vingt-deux journaux durant le second semestre de 1997 indique que 45 % des articles commentant des sondages contenaient des erreurs d’interprétation, notamment parce que les journalistes ne tiennent pas compte de la marge d’erreur statistique.
Plus grave, une majorité des journalistes interrogés avoue ne pas accorder d’importance à la connaissance des méthodes utilisées par les sondeurs. jd
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