Les électriciens suisses investissent déjà l’Europe, sans que celle-ci exige la réciprocité. Quand le marché anticipe la loi.
Le marché suisse de l’électricité n’est toujours pas libéralisé. En effet, le Conseil des Etats vient de renvoyer l’examen du projet de loi après la votation du 24 septembre prochain sur les taxes énergétiques. Ce retard n’empêche pas les sociétés d’électricité de conquérir de nouveaux marchés à l’étranger.
Alors qu’elles devaient se limiter au commerce de gros au travers du réseau européen interconnecté, elles livrent maintenant à des consommateurs et à des sociétés locales de distribution. En 1998 déjà, le groupe Watt décrochait un contrat avec Fribourg-en-Brisgau, et Waldshut, une ville du sud de l’Allemagne, abandonnait son fournisseur local pour le Suisse Atel. Aujourd’hui, profitant de l’ouverture du marché européen, les distributeurs helvétiques livrent également à des clients français, italiens et autrichiens. Selon les recherches de la Basler Zeitung (5 juin 2000), Atel, les Forces motrices de l’est de la Suisse, les Forces motrices bernoises et le groupe Watt vendront cette année entre six et sept milliards de kWh, soit l’équivalent de la production de la centrale de Leibstadt. Atel a créé en Italie sa propre société de distribution et pris une participation financière dans les Services industriels de Milan et Rome.
Cette présence des distributeurs suisses sur le marché européen peut étonner quand on sait que l’Union européenne exige la réciprocité. Or le marché suisse est toujours fermé aux sociétés étrangères. En réalité, les groupes helvétiques n’ont aucune peine à prouver que leur électricité est produite dans l’Union car, une fois injectée dans le réseau européen, l’origine du courant n’est dès lors plus décelable. jd
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