La débat actuel sur l’avenir de la banque cantonale genevoise ne fait guère avancer l’analyse des raisons de l’échec Ð ni donc le choix des remèdes.
Au bout du lac, le débat est ouvert sur l’avenir Ð pas très rose Ð de l’établissement public de crédit. A gauche, on se promet de mettre en place un contrôle politique efficace de manière à éviter les dérives des années quatre-vingt : politique de crédit aventureuse, copinage et autres spéculations. A droite, on dénonce la mainmise de l’Etat et la politisation excessive qui risquent de porter un coup mortel à la banque cantonale. Mais personne ne semble intéressé à faire la lumière sur les responsabilités de ce qu’il faut bien qualifier de naufrage.
Clarifier les rôles
Un établissement bancaire public ne peut justifier son existence que dans la mesure où il sert les objectifs d’une politique ; si une banque cantonale ne se distingue en rien des autres banques, autant la mettre en vente et alléger d’autant la dette publique. Dans ce sens, le contrôle politique ne prête pas à discussion. Jusqu’à présent les autorités ont cru qu’il suffisait de placer quelques politiciens actifs ou à la retraite au sein du Conseil d’administration pour veiller à l’intérêt public. Cette politisation s’est révélée désastreuse ; l’engagement et l’expérience politiques ne valent pas forcément compétence en matière bancaire. Et un administrateur compétent, lié par le secret de fonction, n’est pas à même de faire le lien avec les autorités qu’il est censé représenter. Dans ces conditions, c’est à coup sûr la direction, parce qu’elle dispose de plus d’informations et des connaissances techniques, qui reste maître du jeu. Un phénomène observable dans la plupart des établissements de droit public et qui vide de sens le contrôle démocratique, corollaire du statut public de ces entreprises.
Pour clarifier les responsabilités, deux innovations semblent indispensables. D’abord la définition de la mission que la collectivité Ð actionnaire majoritaire Ð entend attribuer à la banque cantonale. Ensuite la garantie faite à la banque de la plus large autonomie dans l’accomplissement de sa mission. A chacun son métier. Au politique, la tâche de fixer les objectifs d’intérêt public ; à la direction et au Conseil d’administration celle de gérer au mieux l’établissement dans le cadre de cette mission. C’est seulement en adoptant une claire répartition des fonctions que pourra s’exercer un contrôle efficace. A défaut, on favorisera à nouveau l’irresponsabilité de tous les acteurs et les dérapages qui en résultent inévitablement. jd
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