Le projet « Arc lémanique », présenté par les Universités de Genève et Lausanne et l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne ne peut que susciter l’enthousiasme. Enfin une coopération ambitieuse dépassant les initiatives ponctuelles et timides qui ont tenu lieu jusqu’à présent de politique commune. Enfin des priorités affirmées qui ne créent pas de nouveaux doublons mais se traduisent aussi par le désengagement dans certains secteurs. Enfin un réel décloisonnement des disciplines trop longtemps murées dans leur splendide isolement. Ce projet garantit le développement et l’avenir de la place universitaire lémanique et stimulera à coup sûr l’économie régionale.
Les auteurs de cet ambitieux projet réclament un soutien financier substantiel de la Confédération. Ils signalent ainsi, peut-être à leur corps défendant, que la formation supérieure, entraînée qu’elle est dans l’incessant tourbillon des découvertes scientifiques, dépasse les capacités cantonales. L’Université n’est plus le lieu où se fabriquent les élites locales. Aujourd’hui plus qu’auparavant, elle vit d’échanges, de coopération et de complémentarité avec ses consœurs. Et qui mieux que la Confédération peut garantir le cadre juridique et financier indispensable à cet essor ?
Il faut saluer également la volonté de créer, à côté de celui de la génomique, un pôle de sciences humaines. Mais si les contours du premier paraissent déjà bien dessinés, ceux du second restent encore flous. Pour que les sciences humaines ne deviennent pas l’alibi d’une entreprise centrée sur la génomique, leurs représentants n’ont pas une minute à perdre pour mettre en place les collaborations nécessaires, un exercice dans lequel ils n’ont pas brillé jusqu’ici.
L’entreprise, aussi exaltante soit-elle, ne doit pas faire oublier la mission première de l’institution universitaire, à savoir la formation de base des étudiants. Car sans une formation initiale de qualité, la passionnante construction échafaudée aujourd’hui s’écroulera comme un château de cartes. Or le niveau propédeutique, scolarisé à l’extrême, exige des moyens accrus pour un encadrement renforcé et une sérieuse rénovation des programmes, trop rigides et compartimentés. Restera-t-il des moyens disponibles ?
Enfin tout ce processus s’est déroulé en petit comité, dans une discrétion presque totale. Pour calmer les craintes et dissiper les fantasmes si prompts à naître dans l’institution universitaire, il est indispensable que la concertation et le débat critique président dorénavant au développement de ce projet. JD
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