La Banque cantonale de Genève (BCG) procède aux nettoyages de printemps. Elle avait cru pouvoir se libérer en douceur des passifs accumulés au cours des années quatre-vingts. Mais la Commission fédérale des banques a exigé un traitement de choc pour éliminer des risques insuffisamment couverts par les réserves de l’établissement. L’Etat, actionnaire principal, va apporter les millions nécessaires à la recapitalisation et les créances pourries seront reprises par une entité distincte, histoire de repartir sur une base saine, propre à rétablir la confiance, matière première de l’activité bancaire.
Cette confiance à retrouver passe aussi par le départ du président et du directeur général de l’établissement. Non pas deux boucs émissaires, mais deux personnalités déjà aux commandes dans chacune des banques qui, en 1994, ont donné naissance à la BCG. Deux personnalités coresponsables d’assistance à activités spéculatives qui se sont révélées à haut risque.
Quelle leçon tirer de cette déconfiture ? Comme à Soleure, à Berne et ailleurs encore, le contrôle politique n’a pas permis d’éviter les bévues. Car il est illusoire de croire qu’une poignée de politiciens pantouflant au conseil d’administration peut exercer ce contrôle. Si une collectivité publique veut se doter d’un établissement bancaire pour appuyer sa politique économique locale, elle doit lui fixer des objectifs mais lui laisser la plus grande autonomie de gestion. Aux politiques les objectifs, aux professionnels la gestion. Et si la gestion ne conduit pas à la réalisation des objectifs, que l’actionnaire principal remercie les gestionnaires.
Micheline Calmy-Rey, responsable des finances cantonales, veut que la BCG réponde aux attentes de l’économie locale, qu’elle assume une fonction sociale au sens large. Fort bien, d’ailleurs on ne voit pas la justification d’une banque cantonale qui conduirait une politique en tous points semblable à celle de ses concurrentes. Mais pour remplir efficacement cette fonction, la BCG doit pouvoir diversifier ses activités dans des secteurs plus rentables, ce qu’elle a commencé à faire avec la gestion de fortune et le négoce international. jd
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