Un front uni, voilà ce que pourraient montrer les partis gouvernementaux face à l’UDC.
En revendiquant un deuxième siège au Conseil fédéral au détriment d’un des magistrats socialistes, l’Union démocratique du centre a clairement exprimé son rejet de la concordance comme système de gouvernement. Après son cuisant échec du 15 décembre dernier, Christoph Blocher mène une politique d’opposition vigoureuse et systématique. Son objectif déclaré : bouter la gauche hors du Conseil fédéral, ces socialistes « qui ne sont plus totalement engagés pour ce pays » disait-il alors.
Mais ni les radicaux ni les démocrates-chrétiens ne sont épargnés. Dans son discours de l’Albisguetli, le 21 janvier de cette année, le tribun zurichois les accuse de « restreindre les libertés du citoyen, de bafouer la Suisse et ses valeurs ». C’est à cette occasion qu’il énonce une contre-vérité historique et théorique, à savoir que les socialistes sont bien plus proches d’une vision fasciste du monde que l’UDC, une contre-vérité qu’il construit en identifiant le socialisme démocratique au communisme totalitaire.
Blocher ne recherche pas le débat d’idées. Par ses déclarations, il poursuit toujours le même but, la fin du gouvernement de concordance. La guerre est déclarée, non seulement aux socialistes mais également aux deux partis bourgeois, accusés de dérive gauchiste chaque fois qu’ils refusent de s’aligner sur les positions de l’UDC. Reste à savoir combien de temps encore ce parti acceptera de danser sur les airs composés par son véritable patron. Déjà les premières lézardes apparaissent.
Pour l’heure, les socialistes ripostent à cette attaque insultante en ne participant plus aux séances trimestrielles des partis gouvernementaux. Les radicaux se désistent également, estimant que ces rencontres n’ont plus de sens sans la gauche. Mais rien n’empêche socialistes, radicaux et démocrates-chrétiens de débattre ensemble des dossiers d’actualité en laissant sur la touche l’UDC qui s’est mise hors jeu. A condition que les démocrates-chrétiens expriment sans ambiguïté leur adhésion à la concordance. Or, jusqu’à présent ils n’ont pas réagi. Pire, ils abandonnent sans crier gare le navire de la Fondation de solidarité, un projet initié par l’un des leurs, Arnold Koller. Pourtant, ce projet, comme tout autre destiné à manifester la solidarité de la Suisse à l’égard des détresses du monde, a besoin pour réussir d’un front uni. Décidément, la concordance vit des heures difficiles. jd
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