Avec les remous actuels autour du prix du livre, les plus menacés sont les diffuseurs et les librairies, pas les livres.La fin du prix imposé du livre (voir Domaine Public 1399), si elle est confirmée, va à coup sûr provoquer la disparition d’un certain nombre de librairies. Signifiera-t-elle pour autant la mort du livre à faible tirage ?
Ë en croire Philippe Quéan, directeur pour les techniques de l’information à l’Unesco, la mort programmée des librairies résultera avant tout des nouvelles techniques d’impression. Seuls survivront les commerces actifs dans un secteur spécialisé et la vente par correspondance.
En effet, dans un avenir proche, le client pourra choisir et commander son titre directement à l’éditeur par le biais de l’Internet. L’information sera transmise à l’ordinateur de l’imprimerie qui conserve en mémoire le texte demandé. L’impression et le brochage sont alors immédiatement réalisés et le livre envoyé au client par la poste. Xerox et IBM ont déjà développé de tels systèmes.
Une évolution radicale
On évite ainsi les coûts du stockage, du transport, de commande et des invendus, qui pèsent lourdement sur le prix final du livre. C’est donc le système actuel de production et de distribution qui est en danger, non le livre lui-même. Bien au contraire, l’impression à la demande rend économiquement possible le tirage d’un exemplaire seulement. Une aubaine pour les auteurs confidentiels et les éditeurs qui ne craignent pas de diffuser un tirage restreint.
Une évolution plus radicale encore se dessine. Le livre n’est plus fabriqué mais livré sous forme digitale, le client se chargeant de l’imprimer à domicile en tout ou en partie. En France, la Bibliothèque nationale propose déjà gratuitement des œuvres classiques digitalisées à télécharger (http ://gallica.bnf.fr). La jeune maison d’édition « Zéro heures » (http ://www.oohoo.com) vend à choix la version papier ou digitale des œuvres de son catalogue. Sur ce sujet on peut se référer au rapport commandé par Catherine Trautmann, ministre de la culture (http ://www.culture.gov.fr/culture/actualites/rapports/cordier). jd
Tages Anzeiger , 12 octobre 1998 et 23 septembre 1999.
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