« Patience et longueur de temps font plus que force ni que rage.» Ce sage proverbe de La Fontaine a été contredit par le vote du week-end dernier sur l’assurance maternité.Rappel des étapes.
En 1984, le peuple a sèchement rejeté Ð 84 % de non Ð l’initiative « pour une protection efficace de la maternité ». Un projet ambitieux qui visait une répartition égalitaire des rôles au sein de la famille par l’institution d’un congé parental. Une révolution culturelle à laquelle la Suisse n’était pas préparée. Dans le comité d’initiative, Ruth Dreifuss déjà.
Trois ans plus tard, une nette majorité Ð 71 % Ð refuse une révision de la Loi sur l’assurance maladie incluant une allocation maternité pour toutes les mères. L’arrosage social déplaît visiblement.
Après Flavio Cotti, Ruth Dreifuss
Après ce double échec, Falvio Cotti, alors responsable du dossier, fait le mort. Aussitôt élue en mars 1993, Ruth Dreifuss le place au contraire sur le dessus de la pile. Et quatorze mois plus tard, elle soumet un nouveau projet à la consultation : pleine compensation du salaire pour un revenu plafonné durant seize semaines, financée par un prélèvement paritaire sur le revenu du travail.
La consultation montre à l’évidence que ce projet ne bénéficie pas d’un soutien suffisant. Se succèdent alors nouvelles propositions et négociations serrées dans lesquelles les femmes de tous les partis jouent un rôle moteur. En fin de course émerge le projet modeste et peu coûteux rejeté dimanche dernier. Maigre consolation, la proportion des opposants, si elle reste forte Ð Ê 61 % Ð, faiblit néanmoins.
Remettre, encore une fois, l’ouvrage sur le métier
L’échec est cuisant pour toutes celles et ceux qui militent en faveur d’une véritable égalité des droits entre hommes et femmes. Il l’est aussi pour le parti démocrate-chrétien, désavoué dans la quasi totalité de ses bastions, lui qui pour prix de son ralliement avait arraché les prestations de base indépendantes de l’activité rémunérée. Peut-être la goutte qui a fait déborder le vase.
Au-delà des pleurs, de la colère et des grincements de dents, que faire ? Remettre une fois encore l’ouvrage sur le métier, bien sûr, puisqu’en démocratie rien n’est jamais acquis ou perdu définitivement. Et en premier lieu faire un sort à cette situation absurde et inique qui voit les femmes interdites de travail après l’accouchement, sans que leur soit garanti un revenu durant cette période. jd
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