Comment parlons-nous de l’autre ? L’analyse croisée des téléjournaux romand et alémanique donne une réponse peu réjouissante. L’étude, soutenue par le FNRS et l’Office fédéral de la communication, passe en revue deux cents reportages des TJ diffusés entre 1958 et 1994, portant sur des événements de l’autre région linguistique.
Premier constat : la croissance des faits divers négatifs. Ë ses débuts, la télévision transmet des informations positives, voire euphoriques sur les deux régions. Dans les années 60 et 70, le reportage se fait plus sobre et distancié. Dès le milieu des années 80, les images négatives Ð accidents, crimes, catastrophes Ð augmentent. La TSR présente la Suisse alémanique comme une région hermétique et dominatrice. Sur les écrans alémaniques, la connotation négative de la Suisse romande prévaut aussi.
Les événements dans l’autre région linguistique font de plus en plus souvent l’objet de reportages effectués par des correspondants de la région émettrice. Le phénomène est plus accentué à la télévision alémanique. D’où une diminution drastique de la langue parlée dans l’autre région : la langue de la minorité francophone est presque totalement absente de la télévision alémanique, tout comme la langue de la majorité est réduite à une portion congrue sur la TSR.
Sous l’impulsion de son directeur Armin Walpen, la SSR, avec son projet « Idée suisse », fait un effort pour la cohésion entre les régions linguistiques. Mais que vaut cet effort si aux heures de grande écoute dominent les stéréotypes visant plus le taux d’audimat que la compréhension mutuelle ? jd
Source : Horizons, Magazine suisse de la recherche, septembre 1998
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