
Les trois grands de la production électrique sont à la peine. Alpiq, Axpo et Forces motrices bernoises (FMB) réduisent leurs effectifs et annoncent des résultats en forte baisse. En cause: une stratégie erronée.
Alpiq supprime 170 postes dans le secteur du négoce, FMB 250 emplois et Axpo 140. FMB annonce une perte de 150 millions et le bénéfice des deux autres est en chute libre. Raisons avancées: la crise financière, Fukushima et la sortie du nucléaire, le franc fort. L’explication est un peu courte.
Au début du siècle, les électriciens ont investi des sommes considérables dans des installations de production (gaz, charbon) à l’étranger et des centrales de pompage turbinage en Suisse. Non pas tant pour assurer l’approvisionnement du pays que pour faire des affaires. En effet, la transformation d’une électricité bon marché en énergie de pointe s’est révélée très rentable. En dix ans, comme le rappelle le site Infosperber, les profits de la branche ont presque décuplé. Elle dispose maintenant d’une capacité d’environ 50’000 GWh à l’étranger, alors que la production indigène se monte à 66’000 GWh. Et elle projette d’augmenter de 42’000 GWh sa capacité à l’étranger, tout comme sa production de pompage turbinage – Linth-Limmern dans le canton de Glaris, Nant de Drance en Valais.
Cette stratégie ne fonctionne plus. En effet, l’électricité est actuellement surabondante en Europe et la marge confortable que pouvaient s’assurer les producteurs suisses grâce à l’électricité de pointe a fondu. D’où les difficultés dont se plaignent aujourd’hui les trois grands. En réalité, ces derniers se retrouvent dans la même situation qu’il y a dix ans, avant le boom des années 2000. Mais avec des réserves de plus de 13 milliards de francs.
Jusqu’à présent, les trois entreprises ne se sont pas distinguées par un engagement massif dans la production décentralisée d’énergies renouvelables. Leurs efforts visent avant tout à étendre leur emprise sur le marché.
De ces entreprises totalement (Axpo) ou partiellement (Alpiq, FMB) en mains publiques, on pourrait attendre qu’elles appuient la politique énergétique que la Confédération doit maintenant mener pour concrétiser la sortie du nucléaire: économies et développement des énergies renouvelables. C’est à cet appui que devraient être consacrées les réserves financières des trois grands producteurs helvétiques.
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