
Une pétition munie de 143’000 signatures demande de réduire la redevance Radio-TV à 200 francs contre 462 francs aujourd’hui. La cible prioritaire est évidemment la SSR. Son budget serait amputé de 45%.
Le nombre de signatures réclamant ce démantèlement peut impressionner. Mais l’exploit est très relatif. Rien n’est plus simple que de signer et de signer à nouveau sur Internet. Et comment résister si l’on nous propose de payer deux fois moins?
Nathalie Rickli, à l’origine de ce coup politique, est conseillère nationale UDC de Zurich. Son parti n’aime pas la SSR. Mais il ne soutient pas l’agression trop massive de son élue. La Zurichoise est aussi, et surtout, vendeuse de publicité pour les radios et TV privées. Bravo! Elle fait sa propre pub en véritable professionnelle.
Faut-il pour autant «dégraisser le mammouth» et réduire le «train de vie somptuaire» de la SSR, comme le suggère avec élégance Patrick Chuard dans 24 Heures (19.5)?
Certes, à l’abri d’une redevance plus stable que les recettes publicitaires, la Radio et la TV publiques souffrent moins de la crise. Certes les journalistes de la SSR sont un peu mieux payés que ceux de la presse écrite, contraints qu’ont été ces derniers d’accepter des conventions collectives de travail toujours plus défavorables. Cela ne signifie pas qu’il faut aligner vers le bas les conditions de travail d’une profession globalement peu rémunérée en regard du niveau de formation qu’elle exige.
Et un appauvrissement de l’audiovisuel public ne renforcerait en rien la presse écrite. Une perte d’audience de la SSR n’augmenterait ni le tirage des journaux ni leurs recettes publicitaires. Elle profiterait exclusivement aux radios et surtout aux télévisions étrangères qui rafleraient une part accrue de la publicité suisse. Le seul secteur où l’audiovisuel et la presse écrite sont en concurrence est l’Internet. Et l’on peut comprendre que les éditeurs s’opposent à l’introduction de la publicité sur les sites Radio-TV.
Sans redevance, il n’y aurait pas de radio et de télévision suisses dignes de ce nom. Le mandat de service public justifie et impose des ressources autres que celles de la seule publicité. La SSR n’est certes pas dispensée d’une gestion rigoureuse. Son nouveau directeur général s’y emploie. Le Conseil fédéral donne le ton en serrant la vis malgré la hausse vertigineuse des droits de retransmission de manifestations sportives.
Au-delà, nous entrons dans une zone dangereuse. Les revendications des nationalistes de mise à la diète et de coupe dans les programmes signifieraient une perte pour la cohésion nationale et pour l’image de la Suisse.
Et si l’envie vous prend de passer de l’autre côté de l’écran, DP est ouvert aux nouvelles collaborations: prenez contact!