
Ces vingt dernières années, la gauche et les Verts ont progressivement conquis la majorité dans la plupart des plus grandes communes du pays. Tout a commencé aux élections bernoises de l’automne 1988, avec l’accession de l’entente rouge-verte-centre (RGM) à une majorité que les partis bourgeois avaient détenue pendant des décennies dans la capitale du grand canton.
Même retournement un an plus tard à Lausanne avec l’élection d’une majorité rose-verte, après 40 ans d’hégémonie radicale et libérale. Ont suivi le printemps zurichois de 1990 et bien d’autres bonnes nouvelles. Quinze ans plus tard, nombre de villes, à l’exemple de Saint-Gall, Montreux, Winterthour ou Fribourg se sont donné, pour la première fois de leur histoire, un président ou un syndic socialiste.
Cette situation se confirme en ce début de 2011. A Genève, le Conseil administratif devrait se maintenir fermement à gauche; à Lausanne, la liste rose-rouge-verte à six passe en bloc au premier tour pour l’élection des sept conseillers municipaux; à Fribourg, la gauche conserve la syndicature et la majorité à l’exécutif de la ville.
Les choses n’apparaissent pas toujours aussi clairement dans les parlements des villes. Les élus y représentent des formations plus diverses, plus divisées aussi, surtout à droite où l’éloignement durable du pouvoir affaiblit l’espoir de gagner et diminue les vocations. De plus, l’UDC, qui s’en prend désormais aux villes, progresse dans les conseils où ses élus occupent silencieusement un nombre croissant de sièges – pas plus diserts que leurs rivaux locaux du type MCG. Dans ces formations de la droite populiste et protestaire dominent les listes compactes dans les urnes et les leaders à la tribune. De quoi perturber les débats et déstabiliser les majorités les moins nettes. Mais pas de quoi accéder aux exécutifs. L’UDC n’y aspire d’ailleurs pas vraiment, par crainte de se compromettre et de s’y embourber, à l’instar de son conseiller fédéral Ueli Maurer.
Confortées par la claire volonté des électeurs, les majorités roses-vertes auraient tort de se reposer sur leurs lauriers. Elles devront au contraire serrer les rangs pour faire avancer leurs grands projets prioritaires: construction de logements, aménagement des transports publics, institutions de la petite enfance, développement social durable. Le tout en gardant le cap financier, sous peine de subir de cruelles corrections budgétaires, comme à Zurich en ce début d’année.
Autre défi, fondamental: la gauche devrait participer plus activement à la réflexion sur l’avenir urbanistique des villes, sur leur manière d’occuper le territoire, sur leur position géopolique dans la Suisse fédérale. Rompant avec l’idéologie antiurbaine, une production théorique, originale et réaliste, se développe à ce propos, dans laquelle les élus peuvent plonger pour alimenter leur pensée.
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