
Oswald Grübel l’a annoncé il y a quelques mois déjà: dans trois à cinq ans, le bénéfice d’UBS avant impôt doit atteindre 15 milliards de francs, soit un taux de rendement de 15 à 20%. Pour rappel, la banque dégageait un taux semblable en 2006, avant la crise.
Pour parvenir à un tel résultat, une seule solution: UBS – notamment sa banque d’investissement – doit prendre plus de risques si elle veut rester dans le peloton de tête. C’est ce que vient d’annoncer son patron devant un aréopage d’investisseurs.
Le banquier n’a-t-il donc rien appris des tumultes qui ont failli emporter son établissement en 2008? Ou au contraire a-t-il trop bien compris que l’Etat ne pouvait pas le lâcher. «Too big to fail», UBS a déjà bénéficié d’un prêt public de 60 milliards pour éviter la paralysie de l’économie helvétique. Ce goût du risque – comme l’alcoolique se remet à boire après une gueule de bois – résulte de cette certitude. Or c’est précisément la dimension d’UBS et de Credit Suisse qui rend la Suisse vulnérable à l’aventurisme financier de ces deux géants.
Deux géants dont les bilans cumulés représentent cinq fois le produit intérieur brut du pays. Un record mondial dont la Suisse a tiré fierté, mais dont on sait maintenant à quel point il peut être nocif pour l’économie nationale.
Ce ne sont pas les recommandations de la commission Siegenthaler qui vont désintoxiquer UBS. Point de limitation pour les deux grandes banques dans un marché déjà hyperconcentré; point de limitation non plus du ratio bilan/PIB; pas de système de partition des établissements en cas de problèmes graves, ce qui permettrait de sauvegarder les secteurs indispensables à l’économie helvétique et de laisser couler les autres; pas d’interdiction du commerce en nom propre et des constructions financières périlleuses qui ont mis UBS à genoux.
Dès lors on ne s’étonne pas que les représentants des banques dans la commission aient pu avaliser ce rapport. La mesure vraiment efficace – une limitation de l’endettement en fonction du bilan – n’est même pas évoquée. Le besoin en fonds propres sera déterminé sur la base des actifs à risque, risque évalué par les banques elles-mêmes.
Il reviendra au Parlement d’adopter le paquet de mesures annoncé par le Conseil fédéral. Les députés auront-ils le courage d’affronter les banques et de rompre avec l’attitude de respect, d’admiration et de complaisance du monde politique qui a prévalu jusqu’à présent?
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