L’avion est une espèce mécanique de longue vie, si l’entretien est méticuleux. Le voyageur, pas toujours rassuré, découvre avec surprise les états de service vénérables de carlingues toujours en activité.
Les avions militaires obéissent à la même loi. Ils durent une génération ou plus. Pourtant ils ne sont pas conçus pour mourir de vieillesse. Ils sont avions de chasse ou de combat. Ce n’est pas le confort qu’offre le dernier modèle, mais des chances supérieures de gagner le duel. Dès lors, le renouvellement de la flotte aérienne ou d’une partie de la flotte est présenté avec des arguments non seulement économiques, mais dramatiques aussi: on ne peut abandonner la maîtrise du ciel, comme un charpentier qui renoncerait à couvrir la maison d’une toiture.
Mais, dernière donnée fondamentale, l’avion de combat a un prix exorbitant: le maximum de valeur technologique est enfermé dans un volume minimal. Son financement entre en conflit avec d’autres postes du budget militaire. D’où l’opportunité de faire le pari de la paix, de sauter une génération, de décider que le choix se fera dans vingt ans.
Interdépendance
Le report de l’achat d’avions de combat n’est pas une simple opération de planning, celle de renoncer au dernier modèle. Car les avions exigent des pilotes formés, entraînés. Aujourd’hui déjà cette formation est complétée occasionnellement par des stages à l’étranger. L’interruption des achats pour une génération impliquerait le transfert de la formation avec la collaboration d’un ou de plusieurs pays proches et amis. Donc une négociation poussée et une prise en charge des coûts élevée. Croire qu’on peut purement biffer le poste achats est trop simple. On peut renoncer aux machines, pas aux pilotes.
La négociation avec les pays proches est à la fois urgente et évidente concernant l’aviation. Mais il est quantité de domaines où il serait avantageux militairement de savoir qui fait quoi. Or, ce modeste “désarmement” (le voisin est un ami et non un ennemi potentiel) se heurte à l’hostilité politique de l’UDC.
Neutralité
L’UDC revendique une armée complète, couvrant l’ensemble du pays et dotée de moyens adéquats. Mais l’évolution technologique (par exemple la balistique des fusées à longue portée) et les coûts révèlent que cette armée serait impossible à maîtriser budgétairement et inefficace en tant que modèle réduit. La collaboration réfléchie avec les pays proches est donc inéluctable. Or, elle est bloquée par un parti – placé sans réflexion politique au poste de commandement.
Le report de l’achat d’avions de combat démontre que l’indépendance passe par l’interdépendance. Il faudra du temps et de la persévérance pour la mettre sur pied et définir ses limites. Il n’est pas acceptable que cette orientation historique soit bloquée parce que la prétendue concordance tolère que l’homme qu’il ne faut pas soit à la place qu’il ne faut pas.
Et si l’envie vous prend de passer de l’autre côté de l’écran, DP est ouvert aux nouvelles collaborations: prenez contact!