
Les grandes banques, responsables majeures de la crise financière et économique, ne semblent pas encore avoir compris la nécessité d’un changement drastique de comportement. En Suisse comme ailleurs, elles mettent en garde contre des mesures qui, selon elles, mettraient en danger la reprise. Prises en défaut de gestion prudentielle et sauvées par les deniers publics, elles n’hésitent pourtant pas à donner des leçons aux autorités et brandissent même la menace de délocalisation.
La Déclaration de Berne ouvre un nouveau front que les turbulences financières ont laissé dans l’ombre. Celui de la responsabilité d’UBS et Credit Suisse dans la violation des droits humains. Ces deux grands établissements persistent à fournir des crédits à des entreprises dont les activités sont en contradiction flagrante avec le respect de ces droits: fabrication de bombes à sous-munitions dont une convention internationale interdit l’utilisation, la fabrication, le stockage et le transport; fourniture de services à l’armée américaine en Irak par la société Halliburton qui pratique le travail forcé, contraire à l’article 8 du Pacte des Nations Unies sur l’interdiction de l’esclavage; exploitation minière en Afrique du Sud dans des conditions sanitaires déplorables qui ont déjà provoqué la mort de plusieurs dizaines d’employés; exportation de déchets toxiques en Côte d’Ivoire, responsables de l’une des plus graves catastrophes sanitaires de ces dernières années. Et la liste n’est pas close.
Ils ne sont pas les seuls, rétorquera-t-on. Et si les banques suisse se retiraient de ces juteux marchés, leurs concurrents les remplaceraient. Erreur. De grandes banques comme la néerlandaise Rabobank et la britannique Barclays se réfèrent explicitement aux normes du droit international. La seconde s’engage explicitement réparer les torts même indirects que ses activités pourraient causer. Alors que les deux grandes helvétiques se gardent bien de publier leurs standards et directives en matière de droits humains, se soustrayant ainsi à toute analyse critique.
En participant activement à la fraude fiscale à grande échelle au détriment des autorités fiscales étrangères – avec la complicité des pouvoirs publics helvétiques –, UBS et Credit Suisse ont contribué à ce que la Suisse soit mise au banc des accusés et à ternir la réputation du pays. Par leur politique de crédit qui privilégie le seul profit à court terme au détriment du respect des droits humains, elles continuent de détériorer la réputation d’un pays qui a fait du respect de ces droits une priorité de sa politique étrangère. Jusqu’à quand le Conseil fédéral et le Parlement vont-ils courber l’échine devant cette cinquième colonne?
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